ART PREDYNASTIQUE

Outre les silex taillés et divers matériels lithiques, les premières manifestations de l'art dans la vallée du Nil consistent en de nombreuses gravures rupestres. C'est par milliers que celles-ci ont été repérées au cours de campagnes menées à travers la Nubie vouée à la submersion par les eaux du haut barrage d'Assouan. Selon les niveaux de culture successifs (chasseurs, éleveurs), elles montrent les innombrables échantillons de la grande faune «éthiopienne» subtropicale. L'évolution des représentations de ce peuplement animal permet de suivre les étapes du dessèchement de ce secteur de l'Afrique du Nord-Est, jusqu'à la mise en place de la faune et de la flore actuelles. Le matériel recueilli permet de son côté de mesurer l'échelonnement des techniques. Durant le Paléolithique, on note les progrès continus de peuplades vivant de chasse et de pêche : coups-de-poing du Chelléen, limandes de l'Acheuléen, armes et outils du Moustiérien et du Paléolithique supérieur.

Gebel el-arak
Manche du couteau
de Gebel el-Arak

Puis c'est le Néolithique, avec l'agriculture continue et l'irrigation. Quelques rares débris de villages et de nécropoles (Merimdé, Badari) sont les témoins d'une population qui s'adonne à la culture des céréales et domestique les animaux.

Vient ensuite la culture de Nagada, avec deux niveaux :
- à l'Amratien (ou Nagada I), vases en brèche, basalte ou argile avec des dessins clairs sur fond rouge;
- au Gerzéen (ou Nagada II), le décor brun-violet se détache sur fond clair : défilés de flamants roses ou de capridés, représentations non identifiées (sanctuaires ou barques?), quelques silhouettes humaines.

Désormais, le travail de l'ivoire et de la pierre atteint une grande perfection. Sur le manche de couteau de Gebel el-Arak (Louvre) sculpté sur une canine d'hippotame vers -3400 ans, les scènes de guerre et de chasse donnent l'impression d'une animation intense. La scène de la bataille se passe sur deux registres: en haut, on voit y un combat terrestre entre des hommes nus et en bas, c’est un combat naval où l’on distingue deux types de bateaux.

Les plaques de schiste, découpées depuis longtemps en silhouettes animales, servent de palettes; celles-ci comportent souvent un godet central que l'on a cru destiné à des onguents : d'où le nom de palettes à fard; ce sont plutôt des monuments votifs, déposés dans les temples archaïques. Certaines techniques, des thèmes caractéristiques indiquent alors des rapports entre la vallée du Nil et la Mésopotamie : ainsi le héros séparant deux fauves affrontés ou les félins à longs cous étirés.

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