La pyramide est un monument funéraire de l'ancienne Egypte, originellement réservé aux pharaons. La pyramide véritable est née en égypte, où elle est directement issue du type de grand monument en gradins appelé pyramide à degrés. Près d'une quarantaine de pyramides de rois de la IIIe à la XIIIe dynastie, période couvrant un millénaire, ont été repérées
Celle-ci sorte d'escalier symbolique dressé vers le ciel, fut inaugurée sous la IIIe dynastie, dans la seconde moitié du XXVIIIe siècle av. J.-C., pour la superstructure de la tombe du roi Djéser (ou Djoser) à Saqqarah par le divin Imhotep, son ministre-architecte. Celui-ci, également grand prêtre d'Héliopolis, aurait figuré ainsi l'escalier dont il sera question ensuite dans les « Textes des Pyramides» et qui devait faciliter l'ascension de l'âme du roi défunt vers Rê, le Soleil. Le passage à la pyramide véritable se fit moins d'un siècle plus tard, lorsque les architectes du roi Snefrou eurent l'idée de matérialiser dans la pierre le tracé triangulaire où l'on inscrivait jusqu'alors le profil de la pyramide à degrés à construire. Cette forme nouvelle plus pure, rappelant celle du benben (pierre dressée pour le culte solaire), la pierre sacrée d'Héliopolis, devait permettre aussi bien l'ascension de l'âme royale vers Rê; mais, considérée en outre par les théologiens comme une matérialisation des faisceaux de rayons bénéfiques que le dieu Soleil darde sous les nuées pour en recouvrir la tombe du roi, elle allait désormais, assurer plus parfaitement la protection de celle-ci.
Quant à l'origine du mot pyramide employé par les auteurs grecs, alors que, dans les textes égyptiens, ce type d'édifices est toujours désigné par le vocable "mer", elle reste discutée entre partisans d'une racine égyptienne hellénisée et ceux d'une pure origine grecque.
La pyramide recouvrant le tombeau royal a toujours constitué le point culminant d'un complexe monumental. Celui-ci comprenait, au moins dès le début de la IVe dynastie, deux temples reliés entre eux par une chaussée privée, généralement couverte et ornée de bas-reliefs comme leurs salles principales : le temple haut, où se rendait le culte funéraire, disposé en principe sur la face est de la pyramide, et le temple bas, où se faisait la réception des cortèges, situé en lisière de la vallée avec bassin d'accostage pour les bateaux.
Une enceinte entourait la pyramide et, à partir de la Ve dynastie, la partie intime du temple haut, avec une petite pyramide satellite.
Enfin, de très grandes barques de bois déposées dans des caveaux ou parfois des simulacres en pierre pouvaient être répartis à côté de l'enceinte ou de la chaussée.
Quant aux tombes des reines, qui furent souvent aussi des pyramides, mais de dimensions bien plus modestes, elles étaient édifiées à proximité du complexe royal.
Toutes les pyramides ci-dessous sont à la même échelles.
La pyramide de Djoser |
Vers 2700 av. J.-C., Djéser (ou Djoser), le plus célèbre pharaon de la IIIe dynastie, se lance dans des expéditions dans le Sinaï et gouverne le pays, aidé par son vizir Imhotep, un homme hors du commun à qui le roi demande de construire son tombeau, sa « demeure d'éternité », sur le plateau de Saqqarah, sur la rive gauche du Nil. La falaise domine la vallée et la capitale Memphis, construite là où se rencontrent les deux égypte. Imhotep décide d'utiliser des pierres pour un monument qui défiera le temps mieux encore que toutes les constructions de briques crues utilisées jusque-là. Pour le revêtement extérieur, il emploie le calcaire blanc des carrières de la rive droite. Tandis que les ouvriers taillent des milliers de pierres et les hissent sur le plateau, les terrassiers creusent d'abord un large puits de 7 mètres de côté, puis, à 28 mètres de profondeur, la chambre funéraire secrète, un caveau revêtu de granite venu des carrières d'Assouan après un voyage de 960 km. On y accède par un long couloir. C'est là que sera déposé le sarcophage du pharaon, après l'accomplissement des rituels funèbres. Le couloir sera ensuite fermé par un bloc de granite d'un poids de 3,5 tonnes, qui n'empêchera d'ailleurs pas la tombe d'être pillée. De nombreuses autres chambres sont creusées autour de ce caveau, décorées de panneaux de faïences bleues et reliées par des galeries. Après 1a mort du pharaon, près de 40 000 vases, assiettes, coupes, plats ainsi que de la nourriture et des boissons y seront déposés.
La partie visible du tombeau n'est à l'origine qu'un mastaba traditionnel, bâtiment massif en forme de banc, rectangulaire, haut de 8 mètres. Mais Imhotep l'agrandit à l'est en adjoignant sous l'édifice un nouveau puits. Le mastaba est entouré d'une enceinte immense, de 1 600 mètres de long, or-née de quatorze fausses portes. Seule la quinzième porte, fort étroite, permet l'accès à l'édifice; elle n'a pas de vantail et est gardée nuit et jour. D'un côté le désert, de l"autre une entrée longue et resserrée avec 40 colonnes et un toit de pierre. Pour que le tombeau soit visible au-dessus de l'enceinte de 10 mètres de haut, Imhotep le surélève, y ajoutant cinq constructions superposées, chacune plus petite que la précédente: la première pyramide est née, elle mesure 60 mètres de haut. Pourtant, elle n'en est pas vraiment une sa base n'est pas carrée mais rectangulaire, ses faces sont irrégulières, son sommet n'est pas pointu mais en forme de terrasse. Autour de la pyramide, Imhotep bâtit divers petits temples, chapelles, cours tout cet ensemble « utile » forme le complexe funéraire qui doit permettre au pharaon de célébrer les fêtes grâce auxquelles il régnera dans l'au-delà. Ainsi, lors de la fête de Sed, il célèbre ses trente années de règne par des rites de régénération. Imhotep, architecte génial, a « inventé» la première pyramide, escalier dressé vers le ciel, symbolisant l'aspiration du pharaon à s'élever vers les dieux.
DES TEXTES MAGIQUES
Désormais chaque pharaon se fait construire une pyramide. A partir de 2470 av,J.-C., sous le règne du pharaon Ounas, de longs textes religieux, que les prêtres récitent au moment des funérailles et répètent régulièrement dans les temples funéraires, sont gravés sur les murs des pyramides. Ces textes ont un effet magique. Par la seule présence des formules notées sur les murs, le pharaon monte au ciel et s'assimile aux dieux. Assuré de vivre en leur compagnie pour l'éternité et de jouir de leurs offandes, purifié par ces textes, il est protégé des nombreux dangers du monde des morts.
Faire construire une «demeure d'éternité» semble avoir été une obsession des souverains de ce temps. Vers 2625 av. J.-C., Snefrou, qui succède à Houni, se fait construire à Meidoum, dans le désert, à vingt kilomètres de Saqqarah, la première vraie pyramide, aux faces lisses, reliée par une chaussée à une pyramide plus petite, peut-être destinée à une reine. Les deux monuments font partie d'un complexe funéraire comprenant un temple haut, une cour bordée de chapelles, des magasins de vivres et un temple bas. Par ailleurs., au sud de Saqqarah, le roi se fait construire à Dahchour deux autres pyramides de 100 mètres de haut. Si Snefrou est bienveillant pour le peuple, ses successeurs sont décrits comme de cruels tyrans, quoique leur politique intérieure nous soit inconnue.
Kheops fera construire la plus grande pyramide. Au nord de Saqqarah, dans le désert de Gizeh, le plateau qui surplombe de 40 mètres la vallée du Nil est tout d'abord soigneusement nivelé à main d'homme. Un carré de 230 mètres de côté est tracé et l'orientation est déterminée avec application. Les plans seront modifiés trois fois. Le caveau de granite est au centre même de l'édifice et on y accède par un couloir en pente. Le cœur du bâtiment est en pierre locale de qualité médiocre, mais il est recouvert de calcaire blanc poli. La pyramide de 147 mètres de haut brillait dans le désert avant que les habitants de la région n'utilisent les pierres du revêtement pour leurs propres constructions. Dans le complexe funéraire, trois petites pyramides, un temple haut, une chaussée de pierre, un temple bas et cinq fosses gigantesques creusées dans le sol, où s'entassent tous les éléments nécessaires à la construction de cinq bateaux de bois: cordages, cordelettes, poutres, planchettes, rames. 1 224 morceaux de bois de cèdre, trouvés dans une des fosses, permirent de reconstituer une barque « solaire» comme celle du dieu Rê, dieu du Soleil, auquel le pharaon devait s'identifier dans l'au-delà. Chaque pièce de la pyramide a une fonction précise: dans la chambre du sarcophage, le roi devient un nouvel Osiris et s'assimile à Atoum, dieu du Soleil couchant. Dans l'antichambre, il se prépare à la navigation et devient dieu du Ciel. Dans le corridor, le roi transformé voit s'ouvrir devant lui les verrous de son tombeau, il peut alors s'installer dans sa barque solaire. Deux des fils de Kheops lui succèdent, Didoufri puis Khephren, qui, pendant ses 25 ans de règne, édifie une pyramide de 144 mètres de haut, moins large que celle de son père, toute proche de celle-ci.
Fils ou frère de Khephren, Mykerinos fait aussi construire une pyramide, sur le même plateau de Gizeh, haute «seulement» de 62 mètres. Mykerinos a laissé le souvenir d'un souverain moins cruel et moins autoritaire que ses prédécesseurs i l'historien grec Hérodote répétera les louanges que le peuple lui adressait encore, deux mille ans plus tard. La fin de son règne est marquée par des malheurs personnels: la mort de sa fille, puis un oracle qui lui annonce qu'il ne lui reste que six ans à vivre. «Se rendant compte, écrit Hérodote dans le livre II des Histoires que son arrêt était dès lors prononcé, Mykerinos fit faire un grand nombre de lampes. Dès que la nuit venait, il les faisait allumer, et il buvait, se livrait aux délices, sans cesser ni le jour ni la nuit, se promenant dans les basses terres, dans les bocages, pour de ses six années en faite douze, les nuits se transformant en jour.» C'est peut-être à cause de cette étrange fin de règne que le complexe funéraire de Mykerinos n'a pas été réellement achevé.