Le noyau du temple égyptien est toujours constitué par la statue de culte disposée dans son naos monolithique qu'on peut fermer. Dans un schéma classique d'un temple égyptien bien conservé, comme à Edfou, on peut constater clairement que le sanctuaire ainsi que les salles qui le précèdent ne sont en effet qu'un vêtement du naos proprement dit. Ils l'entourent en effet comme un emboîtement de différents bâtiments restant théoriquement indépendants les uns des autres, tout comme les différentes chapelles en bois entourant le sarcophage de Toutankhamon.
Sur les trois côtés, les différentes enveloppes sont liées étroitement au sanctuaire. Du côté de l'entrée, par contre, elles s'élargissent pour former des chambres, voire même des salles supportées par des colonnes, dans lesquelles ont lieu les préparatifs pour le culte. Des chapelles adjacentes servaient de sacristies dans lesquelles étaient conservés les objets de cérémonie, les essences parfumées, les fards pour la statue du dieu, de même que des papyrus portant des textes rituels. L'enveloppe extérieure, à ciel ouvert, est constituée par une cour à colonnades ainsi que par un déambulatoire étroit courant autour du temple. L'entrée vers la cour est marquée par un pylône qui fait penser à une fortification et dont la forme correspond à l'hiéroglyphe de l'« horizon ». Une énorme enceinte en briques délimite enfin tout le domaine sacré formant ainsi une dernière enveloppe de protection.
Selon la conception égyptienne, chaque temple s'élève sur la colline primordiale surgie des eaux de Noun. Pour cette raison, les colonnes des salles et des colonnades doivent être considérées comme un fourré de papyrus que la barque divine traverse en procession. Il s'ensuit que le sol va en montant de salle en salle vers le sanctuaire.
De même, les « cryptes » doivent être aussi interprétées dans un sens cosmique. Présentant dans les fondations du temple un ensemble obscur et étroit avec nombre de coins et de recoins, elles symbolisent le monde souterrain. En compagnie du dieu solaire, la statue de culte passe les heures de la nuit dans le domaine de Noun pour resurgir le matin comme Khépri. Alors, en plein air, dans un kiosque ouvert sur le toit du temple, elle s'unira aux rayons de son père Rê. L'eau primordiale du Noun alimente les puits du temple auxquels souvent différentes fonctions étaient attribuées. A Edfou, le « puits de l'humide », situé dans le môle oriental de pylône, était destiné à nettoyer le temple, tandis que l'eau nécessaire au rituel divin était tirée du « puits de la libation » en dessous du mur d'enceinte. En outre, il y avait des bassins de purification dans lesquels les prêtres devaient se laver avant de pénétrer dans le temple.
Tandis qu'à l'intérieur du temple les figurations se réfèrent presque exclusivement au culte, les pylônes et les murs extérieurs portent surtout l'image d'événements historiques. Ces scènes ne peuvent cependant pas être considérées comme « profanes ». Le plus souvent, pourtant, il s'agit d'expéditions militaires que le roi a entreprises sur l'ordre des dieux, en leur honneur et sous leur protection. Le butin était déposé aux pieds des dieux. Que ce soit Ramsès II qui part en guerre contre les Hittites, Ramsès III qui repousse les Peuples de la Mer ou encore Shéshonq qui pille Jérusalem, ce ne sont que des variantes de l'ancien motif rituel du « massacre des ennemis » de l'Egypte et de ses dieux.
Les statues se trouvant dans le domaine du temple étaient considérées par, le peuple comme des médiateurs auprès des dieux. Bien souvent, on les croyait dotées de facultés miraculeuses et on leur donnait le nom de « celui qui entend les prières ». Il ne s'agissait alors pas toujours d'images de dieux. Des statues de rois divinisés, comme Amenhotep, ou de fonctionnaires sages tel cet Amenhotep, fils de Hapou, avaient également la réputation de présenter une aide efficace et de rendre des oracles.
Le lac sacré avait une fonction importante. Il y en avait un dans chaque temple. Il était alimenté presque toujours par la nappe phréatique, donc par le Noun. Non seulement il servait aux promenades en barque de la divinité, mais on y organisait aussi différents spectacles rituels. Dans les deux bassins desséchés en forme de T du temple funéraire d'Hatshepsout, on a découvert des restes de tiges de papyrus coupées ainsi que des fragments de bâtons de jet en faïence, faisant supposer l'existence d'une récolte de papyrus rituelle et d'une chasse cérémonielle aux oiseaux. En plusieurs endroits, on gardait également dans les lacs des animaux aquatiques sacrés, par exemple des crocodiles.
L'orientation du temple était une question extrêmement difficile dans chaque cas, car elle devait répondre à trois exigences fondamentales, qui ne pouvaient être qu'occasionnellement conciliées. Tout d'abord, l'axe du temple devait être orienté vers le Nil pour que l'embarcadère de la barque sacrée puisse être relié au sanctuaire par une chaussée processionnelle rectiligne. Ce principe est réalisé dans la plupart des cas et semble avoir été prioritaire. Deuxièmement, les portes du temple devaient s'ouvrir vers l'est pour que les rayons du soleil levant puissent pénétrer à l'intérieur du temple. A Abou Simbel, ils arrivent jusqu'au sanctuaire le jour de l'équinoxe. Et troisièmement, dans l'établissement de l'axe,
il fallait également tenir compte d'autres temples envers lesquels existaient des liens de culte ou des liens « familiaux ». Une telle orientation pouvait se faire même à des distances énormes. L'axe du temple d'Anat à Tanis est ainsi en accord avec celui du temple d'Amon de Karnak et ceci à 600 km de distance à vol d'oiseau.
La combinaison des deux premiers principes suppose que le temple se situe sur la rive ouest du Nil, que le Nil coule en cet endroit exactement selon l'axe nord-sud. L'axe du temple d'Hathor de Dendéra est par exemple perpendiculaire au Nil, mais à cause de sa situation dans la boucle de Qéna il est dirigé vers le nord. La situation idéale est réalisée exceptionnellement à Deir el-Bahari : le temple funéraire d'Hathepsout s'ouvre du moins approximativement vers l'est, son axe de procession est à angle droit par rapport à la rive du Nil et rencontre au-delà du fleuve directement l'axe principal du temple d'Amon de Karnak.
Dans d'autres cas, on a recours à des axes transversaux ou encore à une rotation théorique du temple de 90°. On suit alors généralement aussi le cours du Nil. Les symboles de la Haute et de la Basse Egypte indiquent dans ces cas le Sud et le Nord, même s'ils sont représentés sur les côtés est et ouest. Pour l'ensemble du pays, il existe donc de cette manière un réseau de lignes qui pouvait être néanmoins très irrégulier. En aucun cas on ne peut le comparer à l'orientation des églises chrétiennes vers l'est ou avec la direction magnétique des mosquées vers La Mecque.