Le rituel quotidien
Deux papyrus de Karnak (concernant Amon et Nout), datés de la XXIIe dynastie, ainsi que des reliefs des temples nous informent sur le déroulement routinier des soins apportés à la statue. Comme même dans des cycles très détaillés (par exemple ceux du temple de Séthi à Abydos) le rituel n'est jamais dépeint d'une manière exhaustive, on doit reconstruire le déroulement du culte à partir de différentes sources. Les textes contiennent des instructions pour les rites et récitations qui les accompagnent. En principe, le grand prêtre en charge rendait le culte en qualité de suppléant du roi. Apparemment, un prêtre lecteur l'assistait pour la récitation des formules et des prières prescrites.
Après une purification soigneuse, le prêtre se rend au « lieu splendide », le sanctuaire, et éveille le dieu : « Tu t'éveilles, beau, en paix ». Avec l'affirmation : « Je suis pur », il entre dans la chapelle et se présente comme le serviteur autorisé du dieu, puis il fait un encensement et des libations. Ensuite, il détache le lien qui ferme la porte du naos, casse le sceau en argile et tire le verrou, tout en réaffirmant être venu en légitimité et avec de bonnes intentions. Après avoir ouvert les battants de la porte, le prêtre se prosterne : « J'embrasse la terre, j'enlace Geb ». A la vue du dieu, il est saisi d'une frayeur pieuse : « La peur de toi est dans mon corps ; quand je suis devant toi, des frissons parcourent tous mes membres ». Par l'encensement, l'uraeus redoutable du dieu est apaisé. Puis le prêtre enlève avec un tissu la poussière du trône, il déshabille le dieu et le purifie avec de l'huile sainte : « Je t'enduis de baume, afin qu'il relie tes os, afin qu'il rassemble ta chair, afin qu'il libère tous tes écoulements ». Quatre fois, il tourne autour du dieu avec de l'encens.
Alors, l'image de culte est revêtue de neuf. Dans les figurations, le roi offre chaque fois deux bandes étroites de tissu blanc de Nekhen (Haute Egypte), vert de Bouto (Basse Egypte), ainsi que de couleur rose en l'honneur de l' uraeus : « Fais en sorte que la peur devant lui soit grande et que sa force soit prodigieuse ! » Ensuite, on pare le dieu de bijoux : collier, pectoral, collier menat et bracelets. On le couronne de la coiffe appropriée et on lui remet le sceptre. Enfin, après l'offrande de différentes huiles « au parfum agréable », le dieu est habillé d'un vêtement rouge « qu'Isis a tissé et que Nephthys a filé ». Puis le prêtre répand du sable sur le sol et il tourne quatre fois autour de la barque sacrée en brûlant de l'encens. De nouveau, on procède méticuleusement à la purification en se servant de quatre boules de natron provenant de Nekhen (Haute Egypte) et de Sherpet (Ouadi Natroun, Basse Egypte), mais aussi d'encens et d'eau. Finalement, le prêtre referme le naos avec les paroles : « Qu'aucun être mauvais n'entre dans ce temple ! » Il replace le sceau et s'éloigne en balayant le sol et en effaçant les traces de ses pas.