Suite à la construction de la grande digue d' Assouan (sur le Nil) en 1904, le temple de Philae se trouvait immergé, une bonne partie de l' année. Grâce aux fonds de l' UNESCO, le temple fut démonté et déplacé, pierre par pierre, et rebâtià l' identique ,150 mètres plus au nord sur l' île Egélika. Une fois par an, la tradition voulait que toutes l' égypte fasse un pèlerinage sur l' île de Philae, dédié au culte d' Isis. A l' intérieur du temple, gravé sur la pierre, on retrouve, les traces du passage de Napoléon en égypte.
Le scribe du trésor de la déesse Neith à Saïs dit à Hérodote: « Entre les villes de Syène, en Thébaïde, et d'Eléphantine, on trouve deux montagnes dont les cimes finissent en pointe. L'une s'appelle Crophiset l'autre Mophis. Les sources du Nil, dont personne ne connaît le fond, surgiraient précisément entre ces deux montagnes.La moitié des eaux se dirigerait vers le nord, en direction de l'égypte, et l'autre moitié vers le sud, en direction de l'Ethiopie. »
l) pavillon de Nectanebo 1er 3) portiques romains, 5) 1er pylône de Ptolémée XIII 7) temple d'Isis 9) pavillon de Trajan. |
2) temple d'Arsennufi, 4) portiques romains, 6) « maison de la naissance », 8) arc romain, |
Il est possible que ce renseignement erroné, qui vaudra à Hérodote les reproches posthumes de Strabon, ait en partie son origine dans une croyance de la mythologie égyptienne. Le Nil aurait sa résidence dans une grotte, à la première cataracte, et, de là, règlerait les crues. À Philae, un bas-relief de la porte d'Hadrien représente cette grotte.
À la fin du siècle dernier, on a construit un barrage à cinq kilomètres environ en amont d'Assouan, pour constituer une réserve destinée à irriguer la région aux périodes de maigre du fleuve. Les eaux ont alors recouvert l'île de Philae et ses monuments n'ont plus été visibles qu'en août et en
septembre, au moment de la décharge du bassin. Dans les années 60, on a édifié le nouveau barrage d'Assouan, plus important que le précédent, qui a donné naissance au lac Nasser. Philae se trouvant en aval du nouveau barrage n'aurait pas été submergée, mais profitant de l'expérience acquise durant les travaux de sauvetage d'autres monuments condamnés par la digue, et ayant à leur disposition des techniques plus avancées, les autorités ont décidé de sauver définitivement ceux de l'île. Ils ont donc été démontés et transportés sur l'île voisine d'Aegilkia, remodelée pour conserver l'aspect de Philae. Ainsi, c'est à Aegilkia qu'on visite aujourd'hui le sanctuaire d'Isis, célèbre lieu de pèlerinage, dont la plus grande partie de la construction remonte à l'époque des Ptolémées. La région était un lieu de rencontre entre les égyptiens et les populations nubiennes. « Cela explique pourquoi on trouve à Philae un certain nombre de sanctuaires consacrés à des divinités strictement nubiennes, même si leurs temples sont typiquement égyptiens. Durant les derniers siècles qui ont précédé la diffusion du christianisme, le culte de la déesse Isis, épouse d'Osiris et mère d'Horus, a connu un succès sans égal, bien au-delà même des frontières de l'égypte.
On construira des sanctuaires à cette déesse dans tout l'empire romain, en particulier au cours des premiers siècles de notre ère. Un tel succès s'explique par le caractère profondément humain du mythe osirien, qui fait d'Isis une femme pleine de tendresse et une mère malheureuse. évidemment, le culte d'Isis a toujours son fondement dans sa terre d'origine, l'égypte, et les liens très étroits qui l'ont ultérieurement rattaché à la royauté subsistent encore. Isis est toujours la mère du pharaon régnant... Cet ensemble de facteurs a probablement déterminé la construction d'un temple à la déesse dans l'île de Philae, où le contact avec les populations nubiennes demandait de réaffirmer le fondement religieux de la royauté grecque puis romaine » (Barocas). Horus enfant dans les bras de sa mère, ou mieux Harpocrate, comme on l'appellera à la Basse époque, symbolise ceux qui ont besoin de protection. Il sera à l'origine de l'iconographie chrétienne représentant Jésus dans les bras de la Vierge, comme Sérapis a été à l'origine du Christ Pantocrator.
En parcourant les monuments de Philae du sud au nord, on rencontre d'abord, sur la rive du Nil, le pavillon de Nectanebo 1er puis, sur la droite, le temple d'Arsennufi, intéressant parce qu'il a été construit à la fois pour Ptolémée IV Philopator et un roi de Méroé. De là, deux portiques d'époque romaine, qui vont en s'écartant et dont l'un suit la rive du fleuve, conduisent au premier pylône, le plus grand, celui de Ptolémée XIII.
Entre ce premier pylône et le second, toujours de Ptolémée XIII et en biais par rapport au précédent, s'élève la « maison de la naissance », construite par Ptolémée VII Néophilopator. À gauche du second pylône on trouve le petit édifice des Antonins, dit porte d'Hadrien. Adossé à l'arrière du second pylône, est situé le temple d'Isis proprement dit. Il comprend la salle hypostyle à dix colonnes de Ptolémée VII Néophilopator, le sanctuaire de Ptolémée Il Philadelphe et, sur la terrasse du toit, une chapelle dédiée à Osiris. Derrière le temple et à l'extrémité nord de l'île, un arc romain dit « porte de Dioclétien» et, sur la rive est, le plus bel édifice de l'ensemble: le pavillon de Trajan, en forme de portique rectangulaire, avec quatorze colonnes à chapiteaux campaniformes. De même que le pavillon de Nectanebo, il servait probablement aux cérémonies qui se déroulaient quand la déesse quittait l'île et y revenait.