RELIGION EGYPTIENNE

Dans l'antiquité, les dieux égyptiens paraissent être, pour la plupart, les héritiers des totems de clans primitifs, et le souvenir de cette origine explique les formes très variées hommes, animaux, plantes, objets inanimés même, sous lesquelles ils ont été adorés, à toutes les époques, dans les nomes qui avaient succédé aux clans. Il explique aussi, peut-être, pourquoi le plus grand nombre d'entre eux étaient plutôt des sortes de génies locaux. demeurés comme tels, très proches de l'homme : on voyait en eux des êtres plus forts et plus intelligents que celui-ci, mais qui étaient soumis cependant à tous les besoins, à toutes les passions et à toutes les misères de l'humanité, et qui pouvaient même mourir, mais ressusciter ensuite par la puissance de la magie.

DIVINITES.

Leur existence était d'ailleurs conçue à l'image de celle de la famille humaine. Chaque nome adorait un dieu, habituellement désigné sous le nom de dieu unique, mais qui, malgré qualification, n'y était pas adoré exclusivement, et représentait que la divinité suprême de ce nome et de sa capitale (noutir nout). C'est en ce sens qu'Amon était le dieu unique de Thèbes, et Ptah le dieu unique de Memphis; l'unité de chaque dieu, pour être absolue à l'intérieur du nome, n'empêchait pas celle des autres dieux, et il n'y avait pas, à proprement parler, de dieu national reconnu dans le pays entier. Le dieu unique était parfois double, en réalité, et se divisait en deux jumeaux (mâles, comme Anhour - Shou à This, ou mâle et femelle, comme Shou - Tefnout à Héliopolis); il était régulièrement complété, en tout cas, par une déesse-mère et un dieu-fils, avec lesquels il formait une triade Amon, Mout et Khonsou; à Thèbes, par exemple, ou Ptah, Sekhmet et Nefertoum à Memphis). La composition de la triade pouvait quelque peu varier, et comporter, comme à Eléphantine, Khnoum, entouré de deux déesses Anoukis et Satet : mais chaque nome avait la sienne, dont les trois membres, au surplus, finirent souvent par se confondre, et par être conçus moins comme trois êtres distincts que comme trois formes du même dieu. Par ailleurs, quelques-uns de ces dieux égyptiens -le soleil Rê, Ptah, Osiris, Horus le faucon, Seth semblent avoir pris de très bonne heure une importance plus grande, et, tout en restant dieux locaux, avoir présenté un caractère plus général que les autres. Dès les plus anciennes époques, l'école de théologie d'Héliopolis réunit ces dieux principaux dans un système qui visait à expliquer la création et l'existence de l'univers; ayant mis en tête le dieu Rê, elle lui donna pour descendants huit dieux et déesses adorés dans le Delta, et forma de cet ensemble l' Ennéade. Les autres nomes, à leur tour, adoptèrent la conception héliopolitaine, mais en remplaçant chacun le dieu Rê par leur dieu propre, pour former autant de triades ou une Ogdoade (huit divinités) comme à Hermopolis. Isolés, réunis en triades ou embrigadés en famille plus complexe, les dieux exerçaient leur autorité sur les morts aussi bien que sur les vivants. A l'origine, chaque nome avait eu son dieu des morts, lequel n'était autre que son dieu suprême passé de vie à trépas, et ce dieu recevait ses sujets défunts dans un "paradis" ou un "enfer" particulier : Ptah mort régnait ainsi, sous le nom de Sokaris, sur les morts de Memphis. Plus tard, par suite de la diffusion de la légende d'Osiris et de Seth, l'Egypte entière reconnut comme dieu des morts Osiris, et comme séjour des morts le domaine de celui-ci, appelé champs d'Ialou; les noms des anciens dieux et enfers locaux furent alors simplement associés aux personnages et aux localités du mythe osirien, et Ptah, par exemple, devint, comme dieu des morts, Ptah- Sokar-Osiris.

Vie après la mort .

A l'égard de la vie d'outre-tombe, d'ailleurs, les Egyptiens ont professé, et souvent à la fois, des doctrines très diverses, voire contradictoires. De même qu'ils se figuraient l'élément qui subsistait de l'homme après la mort non seulement sous la forme d'un double (ka) -sorte d'exemplaire atténué du corps, et matériel comme lui -mais encore sous celles d'un oiseau-âme (ba), d'une ombre noire (khaïbit) ou d'un spectre lumineux (akh), ils se représentaient aussi sous les aspects les plus variés le genre d'existence, si l'on peut dire, de cet élément impérissable. L'opinion la plus commune était que celui-ci continuait à mener la vie qu'avait menée sur terre le personnage auquel il appartenait. C'est pourquoi l'on s'efforçait, par la momification, qui faisait de chaque mort un Osiris, de sauvegarder le corps auquel le double demeurait attaché; et l'on prenait soin, en outre, de déposer dans la tombe des statues destinées à servir de support à ce même double en cas d'anéantissement de la momie. De la sorte, le mort pouvait être perpétuellement revivifié par les offrandes qu'on lui faisait réellement, ou qu'on figurait sur les murs de sa chapelle.

En opposition avec cette conception toute matérielle de la mort, une doctrine plus haute, qui prévalut surtout à Thèbes, enseignait que l'âme, en quittant la tombe, montait dans la barque de Rê, et parcourait avec le soleil mort, dans les longs corridors du Douat, le domaine des douze heures de la nuit, pour en sortir au matin en même temps que le dieu. Enfin, d'après une autre doctrine encore, le mort n'était admis dans les champs d'Aarau -où Osiris le protégeait contre tous dangers, en échange de corvées qu'il pouvait faire exécuter par les figurines, dites de " répondants" (chaouabtis), qu'on plaçait dans sa tombe -qu'après avoir passé en jugement devant Osiris et ses quarante. deux assesseurs, en présence desquels son cœur était comparé à la plume de Mâat sur une balance. Lui-même devait réciter devant ce tribunal une confession négative, les faits dont il se disculpait sont pour la plupart, des péchés contre les rites ou les dogmes, mais où l'on trouve aussi des déclarations de la morale la plus pure: l'idée de vie future est très nettement liée ici, en tout cas, à celles d'une récompense ou d'un châtiment.

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