La magie n'est pas une croyance religieuse proprement dite, c'est un ensemble de procédés occultes par lesquels on prétend agir sur les forces naturelles pour se les concilier ou se préserver de leurs effets maléfiques.
Avec son attirail à la fois redoutable et naïf: incantations, envoûtements, sortilèges, pratiques criminelles, la magie se distingue radicalement de l'attitude religieuse.
L'anthropologue britannique James George Frazer (1854 -1941) est le premier a avoir dressé un inventaire mondial des mythes et des rites.
Les 12 volumes de son Rameau d'or, parus entre 1911 et 1915, décrivent des milliers de faits sociaux et religieux, qu'il a relevés directement sur le terrain ou recueillis dans des livres ou par des correspondants locaux.
James George Frazer les oppose de la façon suivante:
-la magie repose sur l'idée qu'il existe entre les êtres de la nature des lois de correspondance ou d'affinités secrètes qu'il faut connaitre pour agir sur eux et les faire interagir. Le magicien ou le sorcier, entend d'ailleurs se concilier ces forces et même les capter, les capturer et les mettre à son service;
-la religion consiste à croire qu'il existe des puissances (ou une puissance) supérieures à l'homme, une divinité douée de personnalité et de conscience et qui demeure absolument libre d'exaucer ou non les prières, sans que les pratiques et les rites aient sur elle un effet de contrainte.
Certes, des confusions ont pu se produire entre l'attitude magique et l'attitude religieuse, la qualité de prêtre et celle de sorcier. Elles ont pu coexister (elles coexistent encore) dans l'âme primitive mais la coexistence n'empêche pas l'hétérogénéité radicale, comme le prouve leur évolution séparée.
Il est à peine nécessaire d'observer que les croyances magiques sont incompatibles avec l'idée de Dieu puisqu'elles en nient la personnalité et la transcendance, tandis qu'elles naturalisent le divin en l'assimilant aux forces occultes immanentes au monde. Elles sont, en fait, une forme de matérialisme.