La soie venue de l'improbable Sérique, contrée des confins du monde, exerça une telle fascination sur les Romains qui s'aventurèrent vers l'Est et montèrent des expéditions commerciales pour aller chercher la soie blanche des Sères. Virgile et ses contemporains croyaient que les fils soyeux recouvraient les feuilles des arbres des forêts et que les Sères en détachaient « d'un coup de peigne leur mince toison ». La culture des mûriers et l'élevage des vers à soie étaient une importante activité productive dans la Chine antique. Mais d'où venaient les mûriers et les vers à soie à l'origine ? Voici ce qu'on raconte.
Il était une fois un père qui vivait seul avec sa fille belle et intelligente. Un jour le père dut s'absenter pour régler une affaire lointaine. Il confiat à sa fille sa maison et surtout la garde de son cheval blanc. C'était un cheval vigoureux qui galopait comme le vent. Mais surtout ce cheval comprenait le langage des hommes. Tout le monde disait que c'était un cheval prodigieux. Après le départ de son père, la jeune fille n'eut que son cheval comme compagnie. Chaque fois qu'elle se sentait solitaire, elle parlait avec lui. il inclinait la tête ou agitait la queue pour répondre. Or, plusieurs jours après, son père n'étant toujours pas rentré, la jeune fille commença à s'inquiéter. Peut-être avait-il eu un accident au cours de son voyage ? Un jour, elle dit à son cheval, mi-plaisantant, mi sérieusement : - Cheval, si tu peut ramener mon père à la maison, je me marierai avec toi ! A peine ces paroles dites, le cheval partit au grand galop. En effet, le père était tombé malade loin de chez lui et le cheval le ramena rapidement dans ses pénates.
Pour remercier son cheval, le père lui ajouta du fourrage et lui donna son meilleur picotin. Mais le cheval ne toucha pas à sa nourriture. En revanche , chaque fois que la jeune fille entrait dans l'écurie, le cheval ruait, sautait, allongeait le cou et hennissait joyeusement. Etonné par se comportement le père chercha des explications alors sa fille lui raconta alors la promesse qu'elle avait faite au cheval. Très embarrassé, le père réfléchit un moment et demanda à sa fille de rester enfermée dans la maison car personne ne devait savoir que sa fille allait épouser un cheval.
Le lendemain, le père abattit son cheval d'un carreau d'arbalète. Puis il le dépouilla, et suspendit la peau à la branche d'arbre pour qu'elle sèche. Quand sa fille pu ressortir de la maison elle ne trouva plus le cheval. Sa fille jouait avec des amies quand elle découvrit la peau du cheval suspendue dans l'arbre. Le coeur serré, elle s'en attrista, C'est alors qu'il se passa quelque chose d'extraordinaire. Elle s'était approchée de l'arbre pour caresser la crinière du cheval quand soudain, la peau se tendit, se jeta sur elle et l'enveloppa entièrement. Terrorisées, ses amies coururent avertir son père. Quand celui-ci arriva, sa fille et la peau du cheval avaient disparu sans laisser de traces.
Enroulée dans la peau du cheval magique la jeune fille vola en direction du sud-ouest. Là-bas était un lieu appelé le Grand Talon. Sur les pentes des montagnes et dans les vallées inhabitées poussaient des mûriers et la peau vint s'accrocher à l'un deux. Puis la jeune fille se métamorphosa en ver à soie à tête de cheval. Désormais, elle grimpa dans les arbres et ne mangea plus que des feuilles de mûriers. Plus tard, devenue la patronne des mûriers, l'Empereur Céleste la divinisa en Déesse des vers à soie. Chaque fois qu'elle pensait à sa maison et à son père, elle crachait un long fil de soie translucide. A chaque printemps, on pouvait voir une jeune fille assise sur une branche de mûrier, crachant un long fil de soie blanche et claire. Des années après, les vers à soie s'étaient reproduits par milliers. Comme les jeunes filles, ils ont le corps blanc et le caractère doux. Aujourd'hui encore, dans certaines régions, on appelle les vers à soie "Filles à tête de cheval", en souvenir sans doute de cette légende.