En Espagne, l'épopée médiévale la plus connue a de tout temps été celle du Cid. Cette légende s'inspire du personnage historique, Rodrigo Diaz de Vivar qui vivait au XIe siècle. L’histoire qui relate ses exploits n'existe que dans un seul et unique manuscrit du XIVe siècle, bien que l'histoire soit plus ancienne.
Le titre du « Cid » vient du mot arabe "Sayyidi", qui signifie "seigneur, maître", et, dans la réalité, le Cid a, à une époque, servi le souverain maure de Saragosse. Néanmoins, ce récit a pour contexte le conflit qui oppose le suzerain chrétien du Cid, le roi Alphonse VI de Castille, aux Maures de l'Espagne du Sud. Comme dans l'histoire de Roland, les aventures du Cid servent principalement le thème de l'honneur. Le Cid y est le vassal idéal, condamné parce qu'il n'est pas gouverné par un « bon suzerain ». Comme Charlemagne, Alphonse VI prend de mauvaises décisions qui confirment ses piètres qualités de roi.
L’histoire commence au moment où Alphonse VI envoie le Cid en exil sur les conseils injustes de ses vassaux. Sans se décourager, le Cid met au point une ruse pour que des prêteurs sur gages lui donnent une somme d'argent, qu'il emploie à former sa propre armée. Bataille après bataille, il terrasse les Maures, s'empare de Cestejôn et d'Alcocer, sans oublier d'adresser de généreux cadeaux à son roi. Conquis par la générosité et les incroyables prouesses militaires du Cid, Alphonse lui pardonne et, pour racheter son ancienne erreur, marie ses deux filles aux deux frères Carriôn.
À l'instar de Ganelon, le beau-père de Roland, ces jeunes seigneurs sont lâches et traîtres, traits de caractères tout à fait opposés au courage et à l'héroïsme du Cid.
Lorsque le lion apprivoisé du Cid s'échappe, les deux frères s'enfuient et se cachent. Plus tard, au cours d'une bataille, le Cid reçoit de bons échos de leur bravoure, mais ils se révèlent faux — en fait, ils s'étaient cachés pendant la bataille. Rebroussant chemin , pour rentrer chez eux en compagnie des deux filles, les frères Carriôn font une halte chez Albengalbôn, un ami maure du Cid. Il se montre accueillant et leur donne des chevaux ainsi que d'autres précieux présents. Vivement impressionnés par sa fortune, les deux frères complotent de le tuer et de lui dérober ses richesses.
Heureusement, un serviteur qui comprend l'espagnol les surprend et Albengalbôn les chasse et les couvre de honte. Les filles du Cid se moquent du comportement ingrat de leurs maris ce qui leur vaut d'être battues à mort et abandonnées. Les jeunes
femmes sont retrouvées par leur cousin et les deux frères sont jugés et mis à mort. Les soeurs se remarient alors avec les princes espagnols de Navarre et d'Aragon.