LANCELOT ⑵

Le chevalier à la charrette

Lancelot ou «Le chevalier à la charrette» (vers 1170), poème français de Chrétien de Troyes, est composé d'environ 7000 vers octosyllabes en rimes embrassées.

Nous savons que c'est sa protectrice Marie de France, femme de Henri Ier, comte de Champagne, fille de Louis VII et d'Éléonore d'Aquitaine, qui fournit au poète ce sujet.

[1]Du moment que ma dame de Champagne
Désire que j'entreprenne un récit en français,
Je l'entreprendrai très volontiers,
Comme quelqu'un qui lui appartient entièrement,
Prêt à lui obéir en toute chose,
Sans recourir à la moindre flatterie.

Eléonore le tenait probablement, elle-même, de la tradition des lais et des romans gallois ou anglo-normands antérieurs à l'œuvre de Chrétien et dont il s'est beaucoup inspiré.

La psychologie des personnages de Lancelot et la beauté de la langue en font une œuvre très attachante toutefois, l'histoire est ici touffue et elle est loin d'avoir la rigueur du chef-d’œuvre de Chrétien de Troyes : Yvain ou le Chevalier au lion.

Personnages Principaux
Lancelot : personnage titre, chevalier du roi Arthur, amant de la reine Guenièvre.
Arthur : souverain du royaume de Logres, il incarne l'idéal du monde courtois, mais reste une figure statique, de peu d'autorité.
Guenièvre : épouse d'arthur. Elle est la dame aimée et recherchée par Lancelot et Gauvain. Gauvain : neveu du roi arthur. Chevalier arthurien de grand renom, qui accompagne Lancelot dans sa quête.
Bademagu : souverain du royaume de Gorre. Homme bienveillant et courtois.
Méléagant : fils de Bademagu. Chevalier courageux mais traître et cruel. Ravisseur de la reine Guenièvre, il ne cesse de défier Arthur et ses chevaliers en particulier Lancelot.
Lieux
Le royaume de Logres :
royaume du roi Arthur, situé au sud-est de la Grande Bretagne. Il représente le pôle naturel du roman.
Le royaume de Gorre : royaume du roi Bademagu, situé dans la région de bath, il constitue le pôle surnaturel du roman puisque ce pays d'où nul ne revient est assimilé à l'autre monde.

RESUME.

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Après de nombreuses et merveilleuses aventures au cours desquelles il donne des preuves de sa valeur, de sa soumission et de sa loyauté, l'inconnu, dont l'identité n'est dévoilée que fort tard dans le poème (il s'agit de Lancelot), parvient à libérer Guenièvre de la prison où la tient Méléagant.

Mais, parce qu'il a hésité un instant à monter sur la charrette, la reine le dédaigne maintenant et ne veut plus le voir : l'amour d'un chevalier pour sa dame doit être dévotion complète et soumission absolue.
Lancelot désolé tente de se suicider, mais Guenièvre regrette sa froideur et ne lui cache plus son amour. Pour arriver jusqu'à la chambre de la reine, Lancelot se blesse en brisant les barreaux de la fenêtre et il laisse des traces de sang dans le lit royal. Dans la même pièce. Keu gît couvert de plaies ensanglantées, d'où il s'ensuit que Méléagant l'accusera d'adultère avec la reine il doit alors répondre au défi de Lancelot qui est accouru pour défendre l'honneur de Guenièvre, celle-ci étant repartie à la Cour de son époux. Lancelot prend part ensuite, pour obéir à la volonté de sa dame, à un grand tournoi dont il sort vainqueur, puis revient, comme il l'a promis, se constituer prisonnier entre les mains de Méléagant qui le garde en captivité.

Ici, s'interrompt l'œuvre de Chrétien de Troyes qui fut terminée par Godefroy de Lagny : Lancelot sera libéré, il reviendra à la Cour et tuera Méléagant en duel. Les amours de Lancelot et de Guenièvre imitent les amours de Tristan et Yseult, notamment en certains épisodes.

Tout le roman est pénétré de la doctrine de l'amour courtois : en rendant le chevalier capable des actions les plus glorieuses, il en fait un héros, un vassal de sa dame ; certes cet amour lui impose tous les devoirs, mais lui permet, s'il sait s'en rendre digne, tous les espoirs.

RESUME

Pendant les fêtes de l'Ascension, un chevalier étranger, Méléagant, fils de Baudemagne, « roi du pays d'où l'on ne revient pas », arrive au royaume de Logres défier le roi Arthur. Il  annonce qu'il a capturé des chevaliers, des dames et des damoiselles de la cour du roi et qu’il les retient prisonniers.
[56] Mais je ne t'apporte pas de leurs nouvelles // Dans l'intention de te les rendre. // Au contraire, je veux te dire et t'apprendre // Que tu n'as ni la force ni les moyens // Pour les ravoir.


Le chevalier à la charrette

Il propose alors au roi de confier la reine à son meilleur chevalier et de lui livrer un duel. Si celui-ci l’emporte  les prisonniers seront relâchés et le preux chevalier reviendra avec la reine et dans le cas contraire Guenièvre et les prisonniers resteront avec lui. Keu n’hésite pas et feignant de demander son congé il va au rendez-vous avec la reine avec l’aval du roi. Gauvain qui trouve le départ de Keu douteux, traite le comportement du roi de puéril et avec d'autres chevaliers se lancent à leur poursuite, mais ils retrouvent seulement le cheval de Keu et des traces de sang.
[227] Au roi son oncle, en confidence: // Sire, fait-il, ce que vous avez fait // Est bien puéril, et j'en demeure stupéfait;

Gauvain rencontre un chevalier solitaire qui lui demande son deuxième destrier. Un peu plus tard, Gauvain retrouve son cheval mort et des traces d'un violent combat. A côté se tient le chevalier-sans-nom sans sa lance. Un nain perfide invite les chevaliers à monter sur sa charrette pour connaitre où se trouve la reine. Seul le chevalier-sans-nom, dont l'identité n'est dévoilée que fort tard dans le poème (il s'agit de Lancelot), s'exécute, un peu à contre coeur il est vrai (la charrette servait alors de pilori pour les malfaiteurs).
[344]Quand charrette verras et rencontreras, // Fais sur toi le signe de la croix et souviens-toi // De Dieu, pour que malheur ne t'arrive point.

Les deux chevaliers arrivent dans un château où deux pucelles leur offrent un somptueux repas et les conduisent dans la chambre où se trouve un lit dans lequel ne peut se coucher qu'un homme pur. Malgré les mises en garde des jeunes filles Lancelot  veut dormir dans ce lit même au prix de sa vie. Une lance enflammée tombe du plafond et lui égratigne juste la peau. Lancelot se rendort. Le lendemain voyant passer la reine sous bonne garde dans le lointain ils prennent congé des demoiselles.
[591] Quand, au Chevalier qu'elle avait tant // Raillé et harcelé, // Elle offrit un cheval et une lance, En témoignage de charité et de sympathie.

Chemin faisant ils questionnent une demoiselle qui leur annonce toutes les épreuves qu'ils devront subir : Le traite Méléagant, le pont sous l'eau qui n'a qu'un pied et demi de large ou le pont de l'épée, tranchante comme un rasoir. Gauvain choisit de passer par le pont de l'eau. Elle leur fait promettre de lui offrir une récompense quand elle le demandera.
Lancelot poursuit sa route vers le pont de l'épée mais perdu dans ses pensées il provoque sans le vouloir le gardien du gué. Il combat contre lui mais il ne le tue pas à la demande d'une demoiselle qui se trouve là. Il poursuit sa route.
[720] Il ne sait pas s'il existe ou s'il n'existe pas, // Il ne se rappelle pas son nom, // Il ne sait pas s'il est armé ou non, // Il ne sait pas où il va, ni d'où il vient; Il ne se souvient de rien, // Hormis d'une seule chose, ...

Un peu plus loin une demoiselle lui offre le gite et le couvert à condition qu’il couche avec elle. Lancelot refuse tout de go mais  finalement accepte la proposition à contrecoeur. Après un bon repas il cherche la demoiselle qui est allée se préparer pour la nuit et il la trouve dans une chambre sur le point de se faire violer. N’écoutant que sa bravoure il commence à livrer un combat contre des attaquants de la demoiselle qu’elle congédie.
Puis elle se couche sur le lit sans retirer sa chemise et Lancelot en fait autant et reste habillé en prenant bien soin de ne pas la toucher.
[1261] Ne vous fâchez pas si je vous quitte. // J'irai me coucher dans ma chambre, // Ce qui vous mettra à l'aise. // Je ne crois pas que ma compagnie // Et ma conversation vous plaisent.

Le lendemain la demoiselle demande à Lancelot d’aller avec lui pour qu’il lui serve d’escorte. Près d’une fontaine ils découvrent un peigne, avec une poignée ( !) de cheveux de la reine. La demoiselle garde le peigne et Lancelot pieusement les cheveux. En chemin ils rencontrent l’amoureux que la demoiselle ne souhaite pas voir. Il s’ensuit une provocation au combat mais comme l’endroit n’est pas assez spacieux les combattants en cherchent un autre.
[1620] Le Chevalier dit alors: J'aurais bien tort // De vous permettre de l'emmener. // Je suis prêt à vous combattre, sachez-le, // Mais si nous voulons vraiment // Combattre l'un contre l'autre, nous ne pourrions // Le faire dans cet étroit chemin.

Ils arrivent dans une vaste prairie où se déroulent des jeux mais les joueurs s'interrompent dès qu’ils reconnaissent le chevalier à la charrette. Le chevalier amoureux veut combattre contre Lancelot contre l'avis de son père. Le père propose à son fils de différer le combat pour ménager son honneur et les jeux reprennent.
[1834] Reconnaissons // Que notre seigneur doit percevoir dans ce chevalier un mérite // Suffisant pour lui permettre d'emmener la demoiselle.

Lancelot et la demoiselle vont se promener près d’un monastère. Il entre dans le cimetière et lit les épitaphes futures de ses compagnons sur des tombes. Il découvre une tombe dont la dalle ne peut être soulevée que par sept hommes ou un chevalier capable de libérer les captifs. Il soulève facilement la dalle et découvre qu'il s'agit de sa propre tombe. Le chevalier refuse de révéler son nom au moine et à la jeune fille. En écoutant le récit du moine, le père et le fils renoncent à poursuivre le chevalier à la charrette devant la preuve de sa valeur. La jeune fille quitte le chevalier.
[2020] Alors elle lui demande de lui accorder //  Son congé, et elle retournera sur ses pas; //  Et il le lui accorde bien volontiers.

 

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