Poème français de Chrétien de Troyes, qui comporte environ 7000 octosyllabes à rimes embrassées, et qui fut écrit vers 1160.
Un texte gallois, le Gereint (Mabinogion) raconte une histoire semblable. On retrouve aussi cette histoire dans l'Erexaga, prose norvégienne de la fin du XIIIe siècle.
Le poème est composé de façon à mettre en lumière, non seulement la valeur d'Erec, mais surtout l'amour d'Enide. Parce que celle-ci a douté de la vaillance de son époux, lui à son tour doute de l'amour qu'elle lui porte et veut la mettre à l'épreuve : ce n'est qu'à la fin du poème que l'on mesure toute la grandeur de cet amour.
C'est ainsi que Chrétien de Troyes réussit à représenter le parfait amour : amour conjugal, fait du dévouement total de la femme, toujours prête à se sacrifier pour son mari, et de la protection illimitée de l'homme, qui trouve dans l'amour la vraie source de son héroïsme chevaleresque. Le poète s'attarde à décrire la richesse des fêtes, la cérémonie du couronnement et le banquet final.
Poème chevaleresque, œuvre de jeunesse du poète allemand Hartmann von Aue né vers 1170 en Souabe, mort vers 1210. L'auteur était extraordinairement instruit pour un laïque de l'époque, connaissant le français et le latin. Il semble qu'il ait pris part à la Croisade de 1190.
La source de cette œuvre, écrite en moyen-haut-allemand, est bretonne ; le sujet en fut traité pour la première fois par Chrétien de Troyes; Erec appartient au cycle de poèmes dits arthuriens dont le personnage du roi Arthur constitue l'élément central.
Erec, fils du roi Lac, gagne dans un tournoi la belle Enide, fille d'un chevalier pauvre, et l'épouse. Par amour pour elle, il passe ses jours dans l'oisiveté. Les chevaliers et écuyers de sa cour en conçoivent de l'irritation, le monde le couvre de blâme. Ces reproches arrivent aux oreilles d'Enide ; elle s'efforce de faire bonne contenance, mais un jour l'excès de sa douleur la trahit et elle livre son secret.
Sur le champ Erec revêt ses armes, monte sur son cheval et part, en compagnie d'Enide, qui doit faire office d'écuyer. Erec lui défend de lui parler, interdiction qu'elle transgresse cependant chaque fois qu'elle doit l'avertir d'un danger ; elle est chaque fois sévèrement réprimandée. Enfin sa fidélité a raison du courroux de son mari. Le récit est une longue suite d'aventures, de combats entre chevaliers et d'exploits de la part d'Erec.
Entre Erec de Chrétien de Troyes et celui de Hartmann von Aue, il y a une différence de caractère ; Hartmann a modifié la conduite du héros dès le début du poème. L'Erec allemand est un soldat très brave, mais d'une rudesse que cache mal une courtoisie de commande. Il triomphe de manière hautaine.