Mithra est un dieu étranger à la péninsule italienne, cependant les Romains, en particuliers les soldats, l'ont vénéré au point que certains empereurs souhaitaient en faire le dieu de l'Empire.
Mithra est une divinité indo-aryenne qui apparaît dès le XIVe siècle avant notre ère dans les textes mitanniens et qu'on retrouve dans le Veda, où elle occupe une place importante, qu'elle perdra au cours de l'évolution de la religion indienne vers le brahmanisme. (Son nom sanskrit signifie « traité ».)
Dans l'Avesta, livre religieux des anciens Perses, Mithra apparaît associé à Varuna et à Ahura-Mazdâ (Ormuzd), la divinité suprême. Il y est lié à la lumière et au Soleil, qui est son « œil », et au taureau, le sacrifice du taureau — principe fécondateur de la terre — par Mithra se retrouvant dans les Veda.
Mithra a dégagé sa personnalité du panthéon indo-aryen primitif, et il semble, selon Franz Cumont, que ce soient les « mages hellénisés (prêtres persans du mazdéisme) qui ont créé en Asie Mineure le culte à mystère de Mithra. On offrait alors à celui-ci des sacrifices, et, lors de ces Mithrakana, le 2 octobre au début de l'hiver, le roi exécutait des danses et s'enivrait en l'honneur du dieu.
Le secret du mystère laisse pour nous dans l'ombre de nombreux aspects des cérémonies et de l'enseignement. Comme tous les cultes à mystère, l'initiation assurait aux fidèles la vie éternelle après une régénérescence.
Il y avait une période de noviciat, pendant laquelle on enseignait quelques éléments du culte, puis venait l'initiation, qui comprenait diverses épreuves et le taurobole, sacrifice du taureau au-dessus de l'initié, qui recevait le baptême du sang régénérateur. « Tu nous sauvas en répandant le sang donneur d'éternité », dit une inscription du mithraeum de Sainte-Prisque à Rome. Il y avait ensuite sept degrés d'initiation :
On connaît assez mal les divers rites, mais nous savons qu'on faisait des offrandes au dieu et qu'on participait à des banquets rituels. Les initiés étaient en général des hommes, mais il semble que certaines communautés aient accepté des femmes.
On a accusé les mithraïstes de pratiquer des sacrifices humains, mais il est démontré qu'il n'en fut rien et que cette religion présentait sans nul doute une haute tenue morale.
Ce culte, répandu dans toute l'Asie Mineure, était particulièrement cher aux pirates de la Cilicie, qui, selon l'historien grec Appien, auraient été initiés à ses mystères par les fugitifs de l'armée de Mithridate VI Eupator, roi du Pont, vaincu par les Romains en 87-86 avant notre ère. C'est au cours des expéditions que Pompée mena contre eux (66 avant notre ère) que les Romains connurent le culte de Mithra.
Bien que ce fait historique soit rapporté par Plutarque dans sa vie de Pompée, ce n'est qu'à la fin du Ier siècle de notre ère qu'apparaissent les premiers témoignages d'un culte de Mithra en Italie. C'est aussi vers cette époque que les cultes orientaux vont pénétrer dans l'Occident romain. Pendant le IIe siècle, le mithraïsme, colporté à travers tout l'Empire romain par les marchands et les soldats, se développe et gagne même les empereurs.
Au début du siècle suivant, sous le règne de Septime Sévère, un mithraeum est construit sur l'Aventin, dans ce qui fut la villa de Trajan. Pendant encore près de deux siècles, le mithraïsme continue de s'affirmer, soutenu par les empereurs, notamment Aurélien, puis Julien l'Apostat, qui identifie Mithra au Soleil et à Apollon, et cherche à en faire le dieu de l'Empire. Cependant, le christianisme reste le vainqueur dans la lutte menée contre cette puissante religion, et les lois promulguées par Théodose Ier en 391-392 interdisent tous les cultes païens, dont celui de Mithra.
Le culte avait lieu dans des chapelles, qu'on préférait si possible à demi souterraines pour imiter les grottes où était originellement vénéré le dieu. Le sanctuaire était en général précédé d'un « pronaos » où l'on conservait les objets du culte et où l'on revêtait les habits rituels; il était lui-même constitué par un couloir central et deux banquettes latérales. Au fond, contre la paroi ou dans une niche était placé le relief du dieu, coiffé du bonnet phrygien, égorgeant le taureau. Les cérémonies du culte se déroulaient dans le couloir central, et les fidèles étaient couchés sur des coussins disposés sur les banquettes.
Des peintures pouvaient orner les parois latérales et le plafond. De nombreux sanctuaires ont été retrouvés à Londres, à Mérida, à Deutsch-Altenburg (Autriche), dans les Balkans et surtout dans les ports, comme Ostie, et à Rome.
Le dieu est représenté entouré d'autres divinités (le Soleil, la Lune, les « Cautès » — personnifiant l'aurore et le lever du Soleil —, les « Cautopates » — personnifiant le crépuscule et le coucher du Soleil — Saturne, Eon [l'Eternité]) et d'objets ou d'animaux symboliques (torches, arcs et flèches, coqs, lions, chiens, taureaux...).