Les peuples slaves, dont le nom n’est mentionné pour la première fois qu’en 500 après J.-C., ont constitué au cours du Moyen Âge de puissants États tels la principauté de Grande-Moravie, la Russie kiévienne, le royaume de Pologne, le grand-duché de Lituanie, le royaume de Serbie.
Seules des informations fragmentaires et dispersées sur les mythes et les légendes des Slaves préchrétiens sont disponibles pour se faire une idée de leurs dieux et de leur religion. On pense généralement que la croyance religieuse slave était basée sur l'existence d'esprits ou des forces mystérieuses qui régissaient le monde. Au contact des peuples étrangers, leurs croyances devinrent moins rustiques avec un anthropomorphisme des divinités qui acquirent des pouvoirs et attributions plus spécifiques.
Avec l'arrivée du christianisme, les grandes divinités Slaves ont disparu du domaine religieux, mais de nombreux éléments ont survécu dans la tradition populaire, et les rites païens ont été conservés des cérémonies religieuses et les contes des Slaves chrétiens.
C'est essentiellement aux conteurs, qui cultivèrent leur art et transmirent les histoires de génération en génération, qu'il faut attribuer la continuité du souvenir des mythes anciens. Skomorokh, ménestrels, ou colporteurs aveugles étaient accueillis dans les villages isolés, en particulier pour les longues soirées d'hiver mais persécutés par l'Eglise.
L'évocation des mythes constituait encore une distraction fort appréciée pour rompre la monotonie et animer les veillées. A noter que cette activité n'était pas réservée au peuple; elle était aussi prisée par les nobles. Dans les demeures aisées, il était de bon ton de posséder un bon conteur, même pour le tsar en personne. On dit que le premier tsar russe, Ivan le Terrible, était un fervent admirateur des légendes slaves et entretenait à sa cour trois aveugles qui se relayaient à son chevet pour l'endormir en lui racontant des contes et des légendes russes.
Les mythes que les nourrices serves contaient aux enfants nobles fournirent les thèmes d'innombrables chefs-d'oeuvre de la musique russe (Sadko, Snégourotchka et Le Coq d'or de Rimski-Korsakov, L'Oiseau de feu et Le Sacre du Printemps de Stravinski, Roussalka de Dvorak).
Mais les conteurs ne furent pas toujours les bienvenus.
Le tsar Alexeï Mikhailovitch, père de Pierre le Grand, les réunit tous et leur fit couper la langue. Dans un édit impérial de 1649, il était proclamé: "Beaucoup de gens croient bêtement aux rêves, au mauvais oeil et au chant des oiseaux; ils inventent des énigmes et de mythes; par leurs paroles inutiles, leurs jeunes et leurs blasphèmes, ils détruisent leur âme."
De même le Russe Alexandre Nicolaievitch Afanassiev (1826 - 1871) était un grand admirateur des frères Grimm. Ce modeste employé des Archives moscovites du ministère des affaires étrangères était un écrivain érudit qui compila près de 640 textes de contes jusqu’à ce que ses démêlés avec la censure du Tsar lui fissent perdre son emploi et devenu phtisique il mourut dans la misère en 1871.