CESAR (Caius-Julius), dictateur, né en -101 et mort à Rome 44 avant notre ère).
Sa famille prétendait remonter à Enée, et, par là, à Vénus. Neveu de Marius,
il se rattachait aussi au parti démocratique. Sylla l'ayant emporté, il se réfugia
chez Nicomède, roi de Bithynie. Des nobles, les vestales imploraient sa grâce
: " Soit, dit Sylla, mais je vois en ce jeune homme plusieurs Marius. " Cependant,
il ne rentra à Rome qu'à la mort du dictateur. Il aborda le barreau. Successivement
tribun militaire, questeur, édile, il était préteur désigné quand éclata la
conjuration de Catilina. Il vit sans déplaisir un mouvement qui ouvrait la voie
aux changements, et tenta de sauver les conjurés. Après sa préture, il eut le
gouvernement de l'Espagne. Ses créanciers ne le laissèrent partir que lorsque
Crassus se fut engagé à payer pour lui cinq millions de dettes (-60). Il administra
si bien, qu'il rendit sa province prospère, et s'enrichit lui- même. Traversant
un village des Al- pes, il déclara " qu'il aimerait mieux y être le premier
que le second à Rome." A Cadix, il pleura devant une statue d'Alexandre : "A
mon âge, dit-il, il avait conquis le monde, et je n'ai encore rien fait."
Revenu d'Espagne, il forma avec Crassus et Pompée le premier triumvirat. Le peuple le nomma consul pour l'an 69. Le sénat lui ordonna pour collègue un ennemi, Bibulus, mais II l'annihila et usa de ses droits jusqu'à l'extrême limite. Il reçut le gouvernement des Gaules cisalpine et transalpine, et resserra son alliance avec Crassus et Pompée en prenant pour lieutenant le fils du premier et en mariant sa fille au second. Tandis que ses rivaux s'usaient en luttes stériles, lui-même allait asseoir son prestige sur la gloire militaire et la plus utile conquête, celle de la Gaule, de -69 à -61.
La Gaule vaincue, les richesses de ce pays entretinrent à Rome la fidélité du peuple et des armées de César. Effrayé de sa popularité, le sénat lui retira son commandement (-52). L'année suivante, il posa son ultimatum au sénat : que Pompée abandonnât son commandement en même temps que lui, ou bien qu'on lui laissât jusqu'aux comices une partie de sa province et quelques troupes ; Il briguerait alors le consulat, mais il ne voulait pas être livré à ses ennemis. Le sénat refusa. César franchit alors le Rubicon , limite de sa province, et marcha sur Rome, triomphalement. Pompée gagna précipitamment l'Orient.
César alla d'abord en Espagne réduire les légions pompéiennes, puis passa en Grèce. Dans le camp pompéien, on se disputait déjà les dépouilles de César. Il répondit par la victoire de Pharsale. Pompée s'enfuit et fut tué, comme il débarquait en Egypte, par des agents du roi Ptolémée XIII. On dit que César pleura quand on lui présenta la tête de son rival (-48).
Il régla les affaires de l'Orient, où il resta plusieurs mois retenu par les charmes de Cléopâtre ; puis il massacra à Thapsus les pompéiens ralliés en Afrique, et en Espagne écrasa à Munda les fils de Pompée (-45).
Depuis Pharsale, il était le maître. En 48, il fut proclamé dictateur ; après Thapsus, dictateur pour dix ans ; à vie, après Munda. Il fut consul, censeur, grand pontife, déclaré Inviolable. Il eut des statues, des temples, des autels. Son ambition satisfaite, il se montra clément, rendit leurs droits politiques aux fils des proscrits de Sylla, confia des charges à d'anciens pompéiens. Il réduisit d'un quart les dettes privées, ramena à 150.000 le chiffre des bénéficiaires de l'annone, colonisa Carthage, donna du travail aux pauvres, restreignit le divorce, favorisa les familles nombreuses, les classes moyenne et rurale. Le pouvoir du sénat et des comices fut diminué. Les chevaliers partagèrent avec les sénateurs les fonctions judiciaires. Il publia une loi de majesté et abolit les associations trop remuantes. Les publicains, les gouverneur furent étroitement contrôlés. Les populations fidèles, la Gaule transalpine, reçurent le droit de cité. La Lex julia municipalis réorganisa les municipes italiens. Le calendrier fut réformé.
Il ne voulait pas que le monde fût la proie de trois cents familles patriciennes, et on l'accusa, peut-être non sans raison, d'aspirer à la royauté. Une conjuration se forma. Malgré les avertissements. César se rendit au sénat le jour des ides de mars 44. Les conjurés l'entourèrent. Plusieurs l'avaient frappé, quand Brutus, qu'il avait comblé de faveurs, leva le poignard sur lui : " Eh quoi ! toi aussi, mon fils! ", s'écria-t-il, et il se voila la tête de sa toge. Il tomba percé de vingt et un coups, au pied de la statue de Pompée.
César était, après Cicéron, le premier orateur de son temps. Erudit, il composa des ouvrages de grammaire, tels qu'un Traité de l'analogie ; historien précis et écrivain élégant, sa "Guerre des Gaule" et sa "Guerre civile" sont des modèles du genre, bien qu'ayant besoin de contrôle. Son "Anti-Caton" était, au dire des anciens, une œuvre de polémique vigoureuse.
Alea jacta est ( le sort en est jeté)
Paroles attribuées à César par Suétone,(Caesar,32) qui se préparait à franchir la rivère Rubicon avec ses armées. Une loi de Rome ordonnait à tout général de se séparer de ses troupes avant de passer cette rivière afin de ne pas entrer en armes dans Rome.
Tu quoque, fili (toi aussi mon fils).Exclamation de César citée par Suétone,(Caesar,82) apercevant son fils adoptif Brutus parmi ses assassins.
Veni, vidi, vici ( je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu).Paroles lapidaires rapportées par Suétone (Caesar,37) par lesquelles César annonça au sénat la rapidité de la victoire qu'il venait de remporter près de Zela (47 avant notre ère) sur Pharnace, roi du Bosphore.