Dans l'architecture tibétaine le chorten, le stûpa tibétain, est connu comme l'édifice cultuel répandu par centaines.
Sur une base quadrangulaire, le plus souvent multipliée par des degrés, s'appuie une coupole en forme de bulbe, couronnée, comme au Népal, par un harmikâ cubique et par un mât montant très haut, avec des parasols de plus en plus petits. Certains édifices particulièrement sacrés (en quelque sorte avec la différence que nous faisons entre une église de village et une cathédrale) furent construits isolément de façon monumentale; telle stûpa de Gyangtse qui, avec ses cinq terrasses, rappelle le Borobudur. Mais les deux édifices devraient sans doute être rapportés à un même prototype indien de l'époque Pâla. Un type spécial de chorten est constitué par des constructions à degrés du Tibet oriental, en forme de tours avec des contreforts dentelés tout autour et un couronnement en forme de coupole.
Les nombreux monastères sont des constructions typiquement montagnardes, faites de blocs de pierre en couches retenues par des ancres de bois; mais les encadrements des fenêtres et des portes ainsi que les linteaux sont, même dans ces pays éloignés du monde, décorés d'ornements très fins. Dans les ruines des monastères se trouvent encore des restes de peintures. D'anciens palais royaux qui furent transformés en monastères, comme le Potala, à Lhassa, le monastère de Leh, etc., en imposent par leurs étages superposés, et ils se confondent avec les parois des montagnes environnantes par leurs murailles en retrait. Giuseppe Tucci, de Rome, savant éminent dans les questions tibétaines, a trouvé au Tibet du Sud-Ouest, dans la vallée supérieure du Satledj et aux environs du lac sacré de Manasarovar, des monastères dont les sculptures sur bois et les fresques très artistiques datent du XIIe siècle. Les peintures murales du monastère de Mangnang ressemblent aux fresques d'Ajantâ. Les plus anciens exemplaires de la sculpture népalaise laissent deviner leur origine dans la plastique gupta et pâla. Ainsi l'élégante figure de bronze de Padmapani (IXe-Xe siècles) avec sa courbe légère en S, que conserve le musée de Boston, possesseur de toute une série de ces bronzes. Les ceintures et les bracelets de ces figures népalaises étaient à l'origine ornés de turquoises, pierres précieuses du pays. Les pointes de châles en forme de queues d'hirondelle sont des archaïsmes qui ont leurs précédents dans l'Inde et dans la plastique chinoise Wei et T'ang. Les nombreuses figurines de cuivre doré apportées en Occident, et qui sont souvent pleines de grâce et d'énergie contenue, nous permettent de nous faire une idée de la plastique religieuse népalaise et tibétaine. L'artiste népalais célèbre en Extrême-Orient, Ar-ni-ko, dessinateur, peintre, sculpteur et artisan d'art, qui a créé des figures parfaites en appliquant les proportions canoniques, et qui, au XIIIe siècle, fut appelé à la cour de Chine, est connu pour avoir fait le dessin de ces statues de métal. Les petites figures du Népal ont maintenu la maitrise de leurs formes et par là leur valeur artistique jusqu'au XIXe siècle, et il est même difficile pour cette raison de leur attribuer une date.