Dans le Tibet occidental régnait aux temps primitifs une sculpture rupestre, comparable, par exemple, à celle de Yun-kang dans la Chine du Nord. Cette sculpture a un caractère original indigène (Bouddha à Tchangspa, Leh) qui se distingue par le traitement du bas-relief, par la répartition sans lourdeur et par la légèreté des figures. Cet art particulier fut néanmoins refoulé, après le Xe siècle, par l'art aimable du Népal. La plastique tibétaine du métal étonne aussi, là où l'on ne peut déceler le travail d'aucun artiste népalais, par sa raideur prétentieuse; et elle tombe dans le conventionnel, ce qui était inévitable à cause de la production en masse au cours des siècles.
Le mot d'Albert Grünwedel, le grand spécialiste de l'art bouddhique et de l'art du Tarim, caractérise parfaitement la peinture indo-tibétaine: " Les tantras (prescriptions) sont la salle d'académie de l'art indien; ils contiennent aussi l'esthétique correspondante". La collection de textes du Kanjour et du Tanjour, qui rassemblent les doctrines de l'école du mahâyâna, contient aussi le manuel indien de la peinture, tchitralakshana en traduction tibétaine, qui a été mis en allemand par Berthold Laufer. Dans le manuel indien, qui rapporte l'origine de la peinture à Brahmâ, les mesures pour la représentation des figures divines sont données dans un système sur la base huit. Sur elles reposent la peinture et la sculpture népalo-tibétaines. Le peintre tibétain reporte la figure de la divinité, qu'il a saisie par méditation, dans un réseau de lignes, selon les mesures traditionnelles; et c'est ensuite seulement qu'il commence son travail. Tandis que la divinité (le plus souvent le Bodhisattva ou le Bouddha accompli), figure centrale, est fixée dans la position rituelle imposée, le peintre peut agir à sa fantaisie avec ce qui l'entoure: scènes à petite échelle dans le paysage avec nuages, fleurs et animaux. Et dans ces conditions les peintres créèrent des scènes charmantes avec des détails traités en miniatures, mais toujours subordonnés au rythme des lignes qui domine dans l'image. Sur le drapeau du temple tibétain de Lhassa, Avalokiteçvara aux huit bras, le boddhisattva du bouddha Amitâbha placé au-dessus de lui, occupe la place centrale. Ses attributs symboliques sont les fleurs de lotus, la flèche et l'arc, le vase à encens, le chapelet, la Roue de la Doctrine et le signe de l'intrépidité. Les figures accessoires sont, en haut, deux fondateurs d'ordres, au-dessous dix déesses de diverses énergies, puis trois dharmapalas (défenseurs de la Foi) avec des armes, entourés de flammes. Le musée Guimet de Paris possède, entre autres, une très précieuse série de quatre-vingt-sept images qui représentent la vie du Bouddha d'après les textes du Lalita Vistara et du Divyavadana. Les scènes particulières ordonnées autour de la figure centrale du Bodhisattava ou du Bouddha présentent un ensemble de plus de mille moments de la vie du Fondateur.
L'art pala du Bengale est à l'origine de la sculpture de bronze, qui représente les divinités du panthéon du bouddhisme tardif, divinités à l'aspect clément ou au contraire terrible (lèvres retroussées, yeux proéminents...). Les pièces sont fondues à la cire perdue et retouchées par ciselage, certaines sont dorées, d'autres incrustées de pierres précieuses. Dans les monastères existent des oeuvres géantes, atteignant plusieurs mètres de haut. Parmi les types iconographiques les plus caractéristiques, on peut citer les bodhisattvas et Tara, empreints de sérénité, et, parmi les divinités terribles, Mahakala, noir et horrible, et Yamantaka, à neuf têtes dont une de taureau. Les Yab-yum sont des figurations de l'union des déités masculines et de leur contrepartie féminine. Les Dakini, ou Yogini, sont des magiciennes qui dansent nues dans des attitudes variées. L'origine de toute cette iconographie se trouve dans la production des IXe et Xe siècle des provinces septentrionales de l'Inde, mais elle fut enrichie par l'introduction d'éléments indigènes, propres au Tibet. Quant à l'influence chinoise, plus tardive que l'indienne, ce n'est pas dans l'iconographie, mais dans la plastique qu'elle se fit sentir.