D'où vient ce Satan ? Dans l'Ancien Testament rédigé avant l'exil, Satan, ministre de Dieu, n'est jamais démon ni ange déchu. Dans la littérature ultérieure, il le devient. Divers ouvrages du IIe siècle avant notre ère, emploient déjà Satan et Diable de manière interchangeable. Puis les deux mots deviennent analogues à Azaël ou Azazel, Beliar ou Belial, Mastema, Satanail ou Satomaïl, Sémiazas ou Samyaza.
Au premier siècle de notre ère, Satan est régulièrement assimilé au serpent séducteur. Certains précisent qu'il aurait revêtu la forme d'un ange de lumière pour prendre possession d'Eve (Apocalypse de Moïse, 21, 3) et, par ricochet, pour séduire Adam. Responsable de la chute, Satan est aussi l'introducteur de la Mort (Livre de la Sagesse, 2, 24), l'ennemi juré et de Dieu et des hom- mes. Dans la littérature rabbinique, on le trouve tantôt créé en même temps qu'Eve, tantôt chef des Anges déchus sous le nom de Samaël. Jaloux des hommes, il veut les perdre et se transforme en reptile (ce qui fait qu'on l'appellera « l'Antique Serpent"'» ou « le Serpent des premiers âges» ).
Dans d'autres textes, ce Satan - Samaël est toujours accusateur, destructeur, séducteur. Parfois aussi, on l'identifie à l'Ange de la Mort ou au « mauvais instinct de l'homme », A l'inverse de l'Ahriman... de la conception persane, qui représente le principe indépendant du Mal, Satan est subordonné à Dieu. Progressivement, Satan monte en grade et remplace les autres princes infernaux. Dans le Nouveau Testament, il est le maître incontesté du royaume du Mal.
Si incidemment, les Evangélistes citent Bélial (Paul, II Corinthiens, 6, 15) et Béelzéboul ou Belzébuth (Marc, 3, 22; Luc, 11,15; Mathieu, 12,24), il ne semble point qu'il s'agisse de personnages distincts mais de nuances locales. Il est le Malin (Mathieu, 5, 37, et 6, 13 et 13, 19), le Diable. Toutefois, certains démonologues en feront « le chef du parti de l'opposition» détrôné par Belzébuth
Il osera tenter Jésus (Mathieu, IV, 1-11) qui le repoussera du fameux « Vade retro Satanas! » (Marc, 8, 33 ; Mathieu, 4, 10). Il « entrera» même en Judas (Luc, 22, 3; Jean, 13, 1). Pour Jean, il fut meurtrier dès le commencement et « père du mensonge» (8, 44). Il est aussi le « Prince de ce monde» (12, 31;14,30;16,11). Chez Paul, Satan est également (II Corinthiens, 4, 4) le dieu de ce siècle, mais aussi l'Antéchrist... (II Thessaloniciens, 2).