Le succube verdâtre et le rose lutin
T'ont-ils versé la peur et l'amour de leurs urnes?
Le cauchemar, d'un poing despotique et mutin,
T'a-t-il noyée au fond d'un fabuleux Minturnes?
BAUDELAIRE (Muse malade)
Démons-femelles, par opposition aux incubes, les succubes (nom masculin) viennent tenter les hommes durant leur sommeil et s'efforcent par tous les moyens de s'unir à eux. La croyance à des relations sexuelles entre un esprit et un mortel, homme ou femme, est très ancienne et présente chez de nombreux peuples. Les moines, les anachorètes et les bergers se disaient l'objet des poursuites amoureuses des succubes.
Tous les rêveurs et les hallucinés du jeûne et de l'abstinence, étaient assaillis par leurs caresses lascives et leurs ardeurs dévorantes.
Ces démons animaient souvent un corps arraché au sépulcre et l'amant fortuné ou plutôt égaré par la passion retrouvait entre ses bras, après une nuit d'ivresse, un cadavre décharné et puant.
Les succubes revêtaient également l'aspect de la personne aimée, afin d'inciter le fiancé ou l'homme chaste à commettre le péché de luxure.
Les érudits de l’église ont longtemps débattu pour connaître la vraie nature des incubes et des succubes et du péché commis à leur contact. Certains pensaient qu’il s’agissait du même démon, asexué à la base, qui pouvait devenir incube ou succube selon le cas. Il pouvait ainsi recueillir la semence d'un homme pour la transmettre à une femme ce qui était une excuse fort simple pour expliquer une grossesse adultère.
En l'an 1650, écrit l'exorciste Brognoli, le démon se montra à un jeune homme de Bergame sous la forme d'une fille qu'il chérissait.
«A cette vue, il poussa un cri; mais le fantôme lui ordonna de se taire, en l'assurant qu'il était sa bien-aimée, qu'elle avait fui de la maison parce que sa mère l'avait maltraitée, et qu'elle venait le voir.
Il savait très bien que ce n'était point là celle qu'il aimait, mais un démon; malgré cela, après quelques paroles et quelques caresses, il consentit à ses désirs. Le fantôme lui dit alors qu'il n'était pas sa Thérèse, mais un démon; qu'il l'aimait et que c'était pour cela qu'il le poursuivait jour et nuit. »
(Gorres, Mystique, tome V.)
Voir incube pour d'autres d'informations