Le culte rendu aux morts dans les religions primitives exprime sans doute plus la crainte de les voir revenir parmi les vivants que le désir d'honorer leur mémoire. D'ailleurs dans certaines coutumes d'enterrement, on fait parcourir au cercueil un chemin compliqué avant d'arriver au cimetiere afin que le mort ne puisse plus revenir chez lui.
Ils reviennent de l'au-delà pour persécuter un meurtrier ou tirer vengeance de leur meurtrier. Un conte de Kipling le Rickshau fantôme, deux contes de Sheridan Le Fanu, le Familier, où un marin disparu revient obséder et tuer son ancien capitaine, et Mr. Justice Harbottle, où le juge est confondu devant une Haute Cour fantôme, illustrent ce thème avec éclat.
Il y a aussi le nombreux peuple des âmes en peine qui ne peuvent jouir du repos dans l'au-delà sans qu'une certaine action ait été accomplie.
Henry James n'est jamais allé, de son propre aveu, aussi loin «dans la hideur, la douleur et l'horreur infernales» que dans le Tour d'écrou, où deux enfants succombent aux entreprises de deux fantômes corrupteurs. Le couple maudit, un valet débauché et une femme perdue, apprend aux enfants à blasphémer Dieu à tourner la morale en dérision et à s'abandonner aux passions interdites.
Alexandre Pouchkine dans La Dame de pique raconte l'histoire d'un secret révélé par une comtesse morte.
Lors d'une soirée de jeu, cinq jeunes hommes parlent entre eux du secret détenu par la comtesse Anna Fédorovna, qui connaîtrait une combinaison de trois cartes gagnante à chaque coup.
Fasciné par les perspectives de gain, Hermann , jeune officier du génie, séduit Lisabeta, demoiselle de compagnie de la comtesse, afin de pouvoir lui soustraire son secret. Lors d'un rendez-vous avec Lisabeta, il réussit à s'introduire dans le cabinet de travailet après plusieurs heures d'attente, il entre dans la chambre de la comtesse pour découvrir son secret. Paniquée par la menace d'une arme, elle meurt d'une crise cardiaque.
Le soir de l'enterrement de la comtesse, Hermann a une vision, dans laquelle la comtesse entre chez lui et lui révèle le secret et les fameuses cartes : le trois, le sept et l'as. Mais, en échange, doit épouser Lisabeta, et s'arrêter de jouer. Sûr de lui et de sa vision, il joue avec succès les deux premieres cartes. Puis il mise toute sa fortune sur l'as, mais c'est la dame de pique (qui ressemblait étrangement à la comtesse) qui sort. Hermann pense même avoir vu la carte lui adresser un clin d'œil. Totalement ruiné, il sombre dans la folie et dans un hôpital où il est conduit, il marmonne sans fin: « trois, sept, as ; trois, sept, dame ».