Au Japon, la religion la plus ancienne, adoptée officiellement par les empereurs, est le shintô. Le bouddhisme y est également très répandu par diverses écoles qui privilégient, chacune, des aspects particuliers des enseignements du Bouddha. Depuis un siècle, un grand nombre d'autres religions se sont déclarées. Les unes proposent des enseignements entièrement nouveaux, les autres entendent réhabiliter les pratiques et les valeurs traditionnelles.
Sous sa forme doctrinale, le shintô, ou "Voie des dieux", existe au Japon depuis le début de notre ère. Les premiers manuscrits shintoïstes, qui datent du VIIIe siècle, font remonter la dynastie des empereurs japonais jusqu'à Amaterasu, ou "ciel radieux", déesse du Soleil et principale créature divine, ce qui confère à la lignée impériale un statut divin.
Les shintoïstes recherchent la vitalité et la prospérité en vénérant les kami, divinités ou énergies naturelles et sacrées qui résident dans les éléments, arbres, rochers, chutes d'eau ou montagnes, comme dans l'empereur ou dans tout autre être exceptionnel.
Dans les lieux de culte shintoïste, qui abritent le kami local, les prêtres shintoïstes célèbrent des rituels de purification et de renaissance. Lors des fêtes, on transporte l'effigie du kami, «divinité» ou «énergie sacrée», à travers la ville dans un mikoshi, ou châsse portable; des spectacles guerriers sont organisés pour le divertir.
Vers 1870, le gouvernement japonais, appliquant une politique de retour aux sources nationales, décida de mettre fin à la coexistence du shinto et des autres cultes d'origine étrangère. Jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le shinto fut l'unique religion d'État, mise au service d'une politique ultranationaliste et de la divinisation de l'empereur. La défaite japonaise conduisit au rétablissement de la liberté religieuse et à la séparation de l'Église et de l'État.
Cette liberté religieuse retrouvée a facilité la résurgence de nouvelles formes de religion, qui sont généralement des mouvements laïcs ou des sectes qui s'appuient sur la personnalité et les enseignements d'un fondateur. Elles puisent largement dans le fonds idéologique des religions établies, tout en mettant l'accent sur la rationalisation des doctrines théologiques et en proposant des remèdes concrets aux problèmes quotidiens. n ne s'agit plus de promettre le paradis, mais de favoriser une existence terrestre heureuse par la pratique d'une religion plus humaine. Analyse spéculative et pragmatisme sont liés. Les difficultés rencontrées par les familles, par exemple, seront interprétées comme étant dues à l'égoïsme de leurs: membres et à la négligence de ceux-ci envers le culte des ancêtres, lesquels manifesteraient leur colère en semant la confusion dans la vie de leurs descendants. On conseillera donc aussi le recours aux rites religieux pour apaiser ses ancêtres. En fait, les formes les plus anciennes de la religion chinoise sont ici réactualisées.