Juventas (Hébé chez les grecs) est la fille de Jupiter et de Junon et deviendra l'épouse d'Hercule après son apothéose.
C'est une divinité protectrice, dans la vieille religion romaine, de la jeunesse mâle, très probablement de la classe des juniores qui, âgés de dix-sept à quarante-six ans, fournissaient aux armées de la République l'élément par excellence de vigueur et de courage.
Sous l'Empire, le culte de Juventus servit à former des associations de jeunes gens, des « collèges de Jeunes », formations prémilitaires sur lesquelles s'appuyait la politique impériale.
Toutefois c'est une divinité consacrée aux garçons car les filles en âge nubile sacrifiaient à Diane, Vénus et Fortuna Virilis qui devait leur permettre de trouver un bon époux.
Cette divinité ne figure pas au nombre des dii certi ou indigetes ; il est même probable qu'elle n'eut pas tout d'abord de personnalité distincte. On vénérait simplement au Capitole Jupiter surnommé Juventus ou Juvenis ; puis la qualité, se détachant du dieu suprême, devint une divinité spéciale ; c'est ainsi qu'au temps des Tarquins, existait dans la cella de Minerve, au temple de Jupiter Capitolin, un édicule dédiée à Juventus. Mais antérieurement Servius, auteur de la division des classes, faisait verser dans ce sanctuaire une pièce de monnaie pour chaque enfant mâle, le jour où il revêtait la toge virile, c'est-à-dire quand il atteignait l'âge du service militaire.
C'est à ce sanctuaire de Jupiter Juvenis, devenu celui de Juventas, qu'on rattacha la légende célèbre de Terminus et de Juventas qui, lors de la construction du grand temple par les Tarquins, auraient refusé de quitter leurs emplacements consacrés, ce que les Augures interprétèrent par la solidité immuable et la jeunesse éternelle de l'empire romain. Dans les témoignages les plus anciens, Terminus seul figure ; Juventas dut s'y adjoindre plus tard à titre de simple allégorie, ainsi que Mars.
En réalité, le culte de Juventas ne semble avoir pris corps que sous l'influence de la religion grecque d'Hébé ; il ne reçut même sa forme définitive qu'au plus fort de la seconde guerre Punique, avec d'autres cultes et cérémonies implantés également de l'Orient et de la Grèce. Les livres sibyllins consultés prescrivirent un lectisternium en l'honneur de Juventas et une supplicatio en l'honneur d'Hercule ; les rapports que la légende grecque établit entre Hébé et Héraclès se retrouvent dans la coïncidence de ces deux cérémonies. En 207, Livius Salinator, vainqueur d'Hasdrubal à Séna, voua à Juventas un temple qui, bâti dans l’allée du Grand Cirque, fut dédié en 191 par Licinius Lucullus : ce temple, comme celui de toutes les divinités étrangères à cette époque, était placé en dehors du pomerium. Tombé en ruines comme beaucoup d'autres, il fut restauré par Auguste au début de son règne, incendié en l'an 16 avant notre ère et rebâti à nouveau ; c'est une erreur d’attribuer à cet empereur la construction d'un second temple à Juventas sur le Palatin.
Les honneurs rendus à cette divinité étaient individuels et collectifs ; on lui sacrifiait ainsi qu'à Spes, quand un jeune homme revêtait la toge virile, et cela au Capitole; tous les ans au 17 mars, le jour des Liberalia, avait lieu un sacrifice, sans doute à l'intention de toute la jeunesse qui, dans l'année écoulée, avait atteint l'âge viril ; mais ce sacrifice était offert à Liber, d'où le nom de la fête.
Enfin, au début de l'année, une cérémonie analogue avait lieu probablement au temple spécial du Grand Cirque; il règne quelque confusion sur ces deux cérémonies, et il est difficile de faire la part de ce qui revient aux Liberalia et de ce qui est propre au culte de Juventas; celle-ci est appelée par Tertullien : dea novorum togatorum.
Sous l'Empire, la religion de Juventas fut en quelque sorte confisquée au profit des familles impériales ; l'héritier du pouvoir suprême fut déclaré princeps Juventutis, et mis à la tête de l'ordre des chevaliers. Juventus devint alors la personnification, non plus de toute la jeunesse romaine, mais de celle du maître à venir. Il y a de nombreuses inscriptions en l'honneur de Juventus Augusta et des monnaies qui en reproduisent l'image. Plus tard avec Néron, la religion ancienne de Jupiter Juvenis se confondit avec celle de l'empereur jeune qui prend les attributs du dieu sur les monnaies, comme Marc Aurèle et Commode, qui sont représentés avec le sceptre et la foudre, l'aigle à leurs pieds, un autel à leur droite et parfois une scène de la Gigantomachie. Les inscriptions en l'honneur de Jupiter Juvenis qui ont été découvertes hors de Rome s'inspirent sans doute de préoccupations analogues.
(source : Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de DAREMBERG et SAGLIO)
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