ZEUS ⑵

Zeus en tant que dieu suprême, réunissait en lui tous les attributs de la divinité ; il est tout-puissant, il voit tout, il sait tout ; Zeus était le véritable inspirateur des oracles, le seul capable de percevoir le futur, et c'est par sa seule volonté que d'autres divinités pouvaient prophétiser. Il est l'auteur de toute divination, soit qu'il rende directement ses oracles, comme à Olympie et à Dodone, soit qu'il recoure, comme à Delphes, à l'intermédiaire d'Apollon qui lui même pouvait aussi déléguer ce pouvoir.

❖ Culte

Sacrifice à Jupiter N. COYPEL
© musée du château de Versailles

Zeus était honoré dans tous les pays grecs, en particulier au sommet des montagnes : sanctuaires de Dodone, d'Olympie, de Némée, le mont Lycée en Arcadie, l'Ida de Troade et l'Ida de Crête, l'oasis de Zeus Ammon en Libye, etc.

• Le sanctuaire celui de Dodone, en Épire était le plus fameux et le plus ancien, il remontait aux Pélasges. On y venait de tous les coins de Grèce pour consulter l'oracle d'un chêne sacré, dont les bruissements et les murmures étaient considérés comme la parole même du dieu.

Hérodote raconte (Histoires, Livre II, § 54 à 58) que « deux colombes noires, s'étant envolées de Thèbes en Egypte, s'en allèrent l'une en Libye, l'autre à Dodone. Cette dernière, se posant sur un chêne, se mit à parler d'une voix humaine et à dire qu'il fallait fonder en ce lieu un oracle de Zeus ; les gens de Dodone pensèrent qu'ils recevaient là un ordre émanant des dieux et sur cet avis fondèrent l'oracle ».

L'interprétation des oracles de Dodone était confiée à un collège de prêtres, les Selles, dont le nom n'était, sans doute, que celui des anciens habitants du pays. Ces prêtres pratiquaient l'ascétisme, couchant à même le sol et ne se lavant jamais les pieds.
Plus tard, on adjoignit aux Selles trois prêtresses dénommées les Péléiades. Elles étaient plus spécialement attachées au service de la déesse Dioné, que l'on vénérait à Dodone à côté de Zeus et qui y tenait le rôle d'Héra. Divinité pélasgique, Dioné était, selon Hésiode, fille d'Océan et de Téthys. On la disait mère d'Aphrodite.

Zeus-Ammon

• Celui d'Olympie avait un caractère secondaire; la famille des Iamides, attachée au culte de Zeus, y présidait l'avenir, en particulier par l'observation des entrailles des victimes: ils apparaissaient plus comme des devins indépendants que comme des prophètes inspirés par le dieu. C'est dans le temple d'Olympie que se trouvait la fameuse statue du dieu, due au ciseau de Phidias.

• Hellade est un sanctuaire d'origine mycénienne, occupé par les Hellènes, qui l'annexèrent à leur profit. La divination était rendue par une (ou trois selon les époques) prophétesse, appelée « péliade»; elle se plaçait sous le chêne de Zeus et écoutait la voix du dieu dans le bruissement des feuillages. Comme la pythie delphique, il semble qu'elle ait aussi bu l'eau d'une fontaine sacrée. On lui posait les questions par écrit sur des lamelles de plomb, et la réponse devait se faire oralement.

• L'oracle de Zeus Ammon situé dans une oasis libyenne, fut connu des Grecs au moment de l'installation de leurs premiers comptoirs en Egypte. La divinité oraculaire, Ammon, était un dieu égyptien hellénisé sous le nom de Zeus Ammon et représenté par un Zeus avec les cornes d'Ammon. La statue du dieu, portée sur une nacelle dorée, bougeait la tête pendant les processions et les prêtres interprétaient ces signes; par ailleurs, il y avait une source miraculeuse dont on vendait l'eau par-delà les mers pour être utilisée dans les conjurations et les lustrations. Les Athéniens le consultèrent souvent pendant la guerre du Péloponnèse, et il est surtout célèbre pour la visite que lui fit Alexandre le Grand. Plutarque raconte qu'après la fondation d'Alexandrie, Alexandre se dirigea vers l'oasis de Siwa où la sibylle dit-on, l'aurait confirmé à la fois comme personnage divin et pharaon légitime d'Egypte.

Les victimes les plus courantes qu'on immolait à Zeus étaient la chèvre, la brebis, et le taureau blanc dont on avait soin de dorer les cornes.

❖ Enfance

Zeus
Jupiter nourri par la chèvre Amalthée
J. JORDAENS (c. 1630)
© Musée du Louvre

Rhéa était furieuse que Cronos dévorât ses enfants les uns après les autres. C'est pourquoi elle prit certaines précautions quand elle mit au monde Zeus, son sixième fils (son troisième, ou l'ainé selon Homère). La légende le fait naître en Crète (Hésiode) ou en Lydie (Eumélos), ou en Arcadie (Callimaque). Dans la version arcadienne, Zeus serait né sur le mont Lycée, en Arcadie, puis emmené à Lyctos, mais les Crétois affirmaient qu'il était né dans une grotte du mont Ida ou du mont Dicté. L'accouchement se déroula en pleine nuit, le moment où les créatures n'ont pas d'ombre. Comme il n'y avait pas d'eau dans la région elle demanda l'aide de Gaia.

Angoissée, l'auguste Rhéa s'écria : « Terre amie, enfante à ton tour ; les douleurs de l'enfantement te sont légères. » Ainsi parla la déesse, puis, levant tout droit son bras robuste, elle frappa le rocher de son sceptre. Il s'y fit une large fente d'où jaillit un flot abondant. Callimaque, Hymne à Zeus.

Après l'avoir baigné dans le fleuve Néda créé spécialement pour cette occasion. Rhéa confia son bébé à Gaia. Celle-ci le transporta à Lyctos en Crète, selon la version la plus connue, où elle le cacha dans la grotte de Psychro sur le mont Dicté (ou Aegéon ou Ida). Elle le confia aux bons soins des nymphes Adastria ou Adrasté (Celle qui ne recule pas) et de sa soeur Ida qui était les filles de Mélissée, roi de Crète selon Hygin. Autour de son berceau se tenaient les Curètes, fils de Rhéa. Ils frappaient leurs boucliers de leurs lances et criaient à tue-tête pour couvrir ses vagissements du nouveau-né, de crainte que Cronos ne les entendît de loin. Zeus fut nourri du miel fabriqué spécialement par les abeilles du mont Ida et du lait de la nymphe-chèvre Amalthée. Il cassa un jour une corne de la chèvre qu'une nymphe ramassa, l'emplit de fruits et la porta aux lèvres de Zeus, Elle fut nommée corne d'abondance (autre version avec Acheloos métamorphosé en taureau dont une corne fut cassée par Héraclès). A la mort de la chèvre, Zeus l'aurait placée dans le ciel comme constellation et sa peau servit à confectionner l'égide selon Hygin.

Jupiter élevé chez les Corybantes
N. COYPEL
© musée des châteaux de Versailles

Adrasté était aussi chargée de distraire Zeus nourrisson quand il pleurait, elle possédait une boule ajourée formée de cercles d'or contenant une pierre ciselée: lorsqu'elle lançait la boule en l'air, elle traçait dans le ciel de longs sillons dorés, semblables à ceux que laisse une étoile filante; Zeus, fasciné, en oubliait rapidement sa peine. Cette boule fut offerte plus tard à Aphrodite, laquelle la céda à Eros en échange d'une flèche tirée dans le cœur de Médée pour la rendre éprise de Jason.

En fait il existe d'autres versions de la prime enfance de Zeus selon les auteurs.
- Il fut confié à sa grand-mère Gaia.
- La nymphe Adamanthée suspendit son berceau aux branches d'un arbre afin qu'il ne soit ni sur terre, ni dans le ciel ni sur la mer où son père aurait pu le trouver.
- Il fut élevé par la nymphe Cynosura que Zeus plaça plus tard dans les étoiles pour la remercier.
- Il fut accueilli par un berger et sa famille qui reçut la promesse que ses moutons seraient épargnés par les loups.

Pendant ce temps, sur le mont Thaumasion en Arcadie, Rhéa enveloppa de langes une grosse pierre qu'elle donna à Cronos qui l'avala promptement croyant que c'était le jeune Zeus.

Quand Zeus eut atteint l'âge adulte, il décida de supplanter son père tyrannique; il courtisa la sage Titanide Métis, et la persuada d'ajouter un émétique à la boisson de Cronos pour qu'il régurgite ses frères et soeurs qu'il avait avalés.

L'enfance de Jupiter
Nicolas Poussin (1635-1637)
© Dulwich Picture Gallery (Londres)
L'éducation de Jupiter
Jacob JORDAENS
© Rockox House, Anvers
Jeunesse de Zeus
Jeunesse de Zeus
Lovis CORINTH (1905)
© Kunstmuseum, Brême

 

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