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Hammourabi ou Hamurabi ou Hammou-Rapi en akkadien (le dieu Amm est guérisseur), sixième roi de la 1er dynastie de Babylone (XVIIIe s. avant notre ère). Il n'hérite de son père, Sîn-muballit qui régna de 1812 à 1793 avant notre ère, qu'un domaine de faible importance (environ 6 000 km2), autour de la grande cité. Aussi pense-t-on qu'il mène ses premières campagnes (entre 1792 et 1782) comme allié subordonné de l'Amorrite Shamshi-Adad Ier, qui dominait alors la haute Mésopotamie.

Hammurabi
Hammurabi devant Shamash
Haut de la stèle du © Musée du Louvre

Hammourabi se tient d'abord sur la réserve à l'égard de l'Assyrie, respectant le pacte d'alliance qu'il avait sollicité de Shamshi-Addad. Redoutable politique, il abat un à un ses rivaux, semant entre eux la discorde, s'aidant de l'un pour écraser l'autre, l'allié d'un jour devenant la victime du lendemain. De 1764 à 1754, il détruit les royaumes voisins (Larsa, Mari, Eshnounna), bat les Elamites et les autres peuples de l'Est et constitue un empire qui comprend toute la basse Mésopotamie et la majeure partie de la haute Mésopotamie. Rusé, excellent diplomate, «avare en promesses, réticent et préférant engager ses alliés que ses troupes sur le champ de bataille », Hammourabi, "roi des quatre régions du monde", agrandit son royaume avec ténacité et prudence.
En moins de vingt-cinq ans, il constitue un véritable empire qui n'est pas seulement l'œuvre d'un conquérant, mais aussi celle d'un administrateur et d'un lettré.
La centralisation est extrême, quoique les villes aient conservé leur propre administration avec un collège d'anciens et un maire. Le roi s'occupe de toute l'activité économique du pays, du montant des salaires, du prix des marchandises aussi bien que de la perception des taxes et des impôts, de la surveillance des fonctionnaires, de l'entretien des voies d'eau, des questions de coupe d'arbres ou de bornage des champs. Le triomphe politique d'Hammourabi porte à son apogée le puissant mouvement culturel inauguré par Sargon. Les techniques se perfectionnent, les institutions se développent, ainsi que la lexicographie, la grammaire, les mathématiques, la divination, la médecine et la jurisprudence.

LE CODE DES LOIS

C'est avant tout pour son œuvre juridique qu' Hammourabi est passé à la postérité: son code de lois (en fait un recueil de jurisprudence) est un testament politique destiné à fournir aux princes à venir un modèle de sagesse. Si ce texte, rédigé en akkadien, n'est pas un code au sens moderne, mais seulement un recueil de décisions concernant un nombre limité de cas, il constitue cependant une source unique pour l'étude de la société, de l'économie et de la monarchie dans la Mésopotamie du IIe millénaire avant notre ère. Les 282 articles regroupent par thème des «arrêtés» concernant le vol, le travail agricole, le commerce, la famille, les coups et blessures, l'exercice des diverses professions.

A travers ces jugements se dégage l'image d'une société. A chaque délit, le code assigne un tarif précis, selon le rang de la victime:
"Si quelqu'un casse un membre à un awifou, on lui cassera un membre.
S'il crève l'œil d'un moushkenou, ou s'il lui casse un membre, il paiera une mine d'argent.
S'il brise les dents d'un awilou, on lui brisera les dents;
s'il brise les dents d'un moushkenou, il paiera un tiers de mine d'argent."
l'awîloum (« homme » par excellence) est le notable;
le moushkênoum, de modeste condition, dépend sans doute quelqu'un du palais ou d'un temple;
le wardoum (esclave) (prisonnier de guerre, enfant vendu, débiteur insolvables) possède la personnalité juridique (il peut gagner de l'argent, ester, épouser une femme même libre, avoir une famille, exercer un métier, posséder des biens, racheter leur liberté ou être affranchis). En cas d'offense ou de blessure, les réparations et les sanctions sont différentes pour les membres de ces trois catégories, que le code ne définit pas et qui ne doivent pas être trop rigides. La promotion sociale, en effet, peut être rapide, puisque l'initiative privée s'exerce sans restriction dans le domaine de la production et des échanges.

La femme apparaît aussi, avec son statut juridique: elle peut ester en justice, exercer une profession, assumer des fonctions publiques. Le code connut immédiatement une large diffusion: chaque ville importante en possédait sans doute un exemplaire. Devenu un classique, ce texte était copié dans les écoles par les apprentis scribes.

Enfin, lorsque le code fixe le montant des salaires d'un certain nombre de métiers et le prix de denrées courantes, il ne s'agit sans doute, pour Hammourabi, que de se poser en défenseur du bon vieux temps : les documents contemporains montrent que le roi laisse pratiquer des taux bien plus élevés.

VIE SOUS L'EMPIRE

Mais le Palais et les temples restent les plus grosses unités économiques du temps, et le roi, se présentant comme le bienfaiteur et le protecteur de son peuple, intervient dans tous les types de rapports que ses sujets peuvent avoir entre eux. En particulier, il assume la responsabilité de l'entretien et de l'extension du système d'irrigation, pour lesquels il impose des corvées. Il apaise la tension sociale en obligeant le Palais et les temples à prêter à taux bas, en édictant des statuts plus humains pour le débiteur, le métayer et l'agent de compagnie commerciale, et en libérant, au bout de trois ans, le débiteur insolvable, vendu comme esclave. La promotion sociale, en effet, peut être rapide, puisque l'initiative privée s'exerce sans restriction dans le domaine de la production et des échanges.

Les moyens d'action du souverain sont quelque peu primitifs. Pour mettre ses terres en valeur, il les divise en lots qu'il concède à des fermiers héréditaires ou à ses « serviteurs (administrateurs, soldats, travailleurs du Palais), pour qui les terres constituent une rémunération; mais il a beaucoup de mal à les empêcher à la fois de disposer de leur lot comme d'une propriété personnelle et d'abandonner leur service. Parmi ce personnel ainsi doté figure le tamkâroum, qui est en même temps banquier et marchand à titre privé et administrateur des biens royaux, et dont la puissance économique et la situation ambiguë ne peuvent que limiter le pouvoir royal.

FIN DE L'EMPIRE

Kudurru
Kudurru © Musée du Louvre

Avec l'empire d'Hammourabi, Babylone s'affirme durant plus d'un siècle comme la capitale religieuse et culturelle de la Mésopotamie, même si la construction politique d'Hammourabi s'est révélée fragile et instable. Depuis la fin du IIIe millénaire, de nouveaux peuples étaient apparus en Mésopotamie. Face à la pression des Hittites d'Anatolie, des Mitanniens de Syrie et des Hourrites, la Babylonie est en position de faiblesse. Bien que les successeurs d'Hammourabi se soient battus avec courage tout au long de leur règne, l'empire se désagrège vite, une grave crise économique et sociale s'abat sur un pays désorganisé par les infiltrations des Kassites. Envahisseurs venus du Zagros, ceux-ci sont avant tout des combattants d'élite. Experts dans l'art d'élever et de dresser les chevaux, ils ont mis au point une arme redoutable : un char très maniable, qui leur assure pendant longtemps la maîtrise du champ de bataille.

En 1595 avant notre ère, un raid hittite met fin à la 1ère dynastie de Babylone. La ville est pillée, les statues du dieu Marduk et de sa parèdre Zarpanitum sont emportées. Une longue période de crise s'ouvre alors, à laquelle seuls les barbares kassites pourront mettre fin. La société babylonienne connaît sous leur domination un important changement avec l'introduction d'éléments féodaux et l'existence de propriétés foncières qui proviennent de donations royales faites à des fonctionnaires de la Cour, à des gouverneurs ou à des officiers. Des titres de donation de terres, sur pierre, appelés kudurru, sont l'expression la plus évidente de ces mesures. Par ailleurs, l'organisation des provinces, dirigées par des gouverneurs souvent d'origine locale, entraîne une multiplication des gros villages. Les Kassites servent la grandeur babylonienne en revitalisant aussi bien l'agriculture, le commerce, les techniques que les arts.

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