Les oiseaux du Stymphale

Le Sixième des Travaux d'Héraclès (Hercule) fut d'exterminer les innombrables oiseaux, consacrés à Arès, qui, effrayés par les loups du ravin des Loups, sur la route d'Orchomène, s'étaient rassemblés autour du lac Stymphale en Arcadie.

Héraclès au lac Stymphale (© British Museum,

Le bec, les pattes, les ailes de ces oiseaux étaient en bronze et ils dévoraient les hommes. Ils se reproduisaient auprès du fleuve du même nom, s'envolant par bandes, de temps en temps, pour tuer des hommes et des animaux en leur lançant une grêle de plumes de bronze, en outre leur fiente empoisonnée détruisait les récoltes.

En arrivant près du marais entouré d'épaisses forets, Héraclès comprit qu'il lui serait impossible de chasser les oiseaux avec ses flèches car ces espaces marécageux n'étaient ni assez fermes pour supporter le poids d'un homme ni assez liquides pour qu'on put utiliser une barque. Comme Héraclès, indécis, s'était arrêté sur le bord du lac, Athéna apparut et lui remit une paire de grelots (ou une crécelle) de bronze, fabriquées spécialement par Héphaïstos.

S'étant mis sur un éperon du mont Cyllène, qui domine les marais, Héraclès fit tourner sa crécelle, et déclencha un tel vacarme que les oiseaux, effrayés, s'élevèrent dans le ciel par bandes, en un vol immense.
Avec son arc et ses flèches ou avec une fronde (image ci dessus) quand les flèches vinrent à manquer, il en abattit alors un nombre considérable tandis qu'ils s'envolaient vers l'île d'Arétîa dans la mer Noire, où les Argonautes les retrouvèrent plus tard.

Selon un récit peu connu de l'historien Mnaseas ces oiseaux étaient en fait les filles de Stymphale et d'Ornis qui ne l'avaient pas reçu avec beaucoup hospitalité. Pausanias (VIII, 22, 5) indique que dans le temple d'Artémis se trouvaient des jeunes filles à pattes d'oiseaux.

Et partout devant lui, par milliers, les oiseaux,
De la berge fangeuse où le Héros dévale,
S'envolèrent, ainsi qu'une brusque rafale,
Sur le lugubre lac dont clapotaient les eaux.

D'autres, d'un vol plus bas croisant leurs noirs réseaux,
Frôlaient le front baisé par les lèvres d'Omphale,
Quand, ajustant au nerf la flèche triomphale,
L'Archer superbe fit un pas dans les roseaux.

Et dès lors, du nuage effarouché qu'il crible,
Avec des cris stridents plut une pluie horrible
Que l'éclair meurtrier rayait de traits de feu.

Enfin, le Soleil vit, à travers ces nuées
Où son arc avait fait d'éclatantes trouées,
Hercule tout sanglant sourire au grand ciel bleu.

José-Maria de HEREDIA, Les Trophées.

❖ Sources

http://clio.chez.com/