Le culte des Muses, originaire de la Thrace, plus précisément de Piérie, comme en témoignait leur plus ancien sanctuaire, établi au Libéthrion, sur les pentes orientales de l'Olympe, s'était répandu ensuite en Béotie, où il se constitua autour de l'Hélicon, et eut pour centres les villes d'Ascra et de Thespies. A Thespies on célébrait tous les cinq ans des fêtes en l'honneur des Muses, qui comportaient des concours poétiques. Dans le reste de la Grèce, le culte des Muses n'était pas moins fervent :
à Athènes on leur avait consacré une colline voisine de l'Acropole, et elles étaient adorées sur les bords de Pilissos.
A Delphes elles étaient honorées aux côtés d'Apollon.
Les Muses avaient encore des sanctuaires à Sparte, à Trézène, à Sicyone, à Olympie, dans les îles et dans plusieurs villes de la Grande-Grèce.
Leur ancien caractère de nymphes des sources explique que de nombreuses fontaines aient été consacrées aux Muses. Les offrandes aux Muses consistaient en grains de froment pétris de miel ; on leur versait des libations d'eau, de miel et de lait.
Terpsichore (Τερψιχορη) présidait à la danse et aux chants de choeur.
ATTRIBUTS:
On la représentait couronnée d'un diadème ou de guirlandes et tenant à la main une harpe
ou une lyre en écaille de tortue, surmontée de deux cornes de chèvre.
Uranie (Ουρανιη) présidait à l'astronomie et à la géométrie. Elle fut aimée d'Apollon et devint la mère de Linos (ou fils de Calliope) et d'Hyménée.
ATTRIBUTS:
On la représente vêtue d'azur, couronnée d'étoiles et parfois environnée
de sphères et tenant à la main un compas.
Melpomène (Μελπομενη) dont le nom signifie "la chanteuse" en grec fut d'abord la Muse du chant, puis elle devint plus tard la Muse de la Tragédie peut-être à cause de ses rapports avec Dionysos qui portait le surnom de Melpomenos.
On la disait mère des Sirènes par Achéloos
ATTRIBUTS:
On la représentait couronnée de pampres de vigne et tenant un masque à la main et parfois aussi une épée et sceptre à ses pieds chaussés de cothurnes.
Les représentations des Muses sont nombreuses, sur les vases peints, les monnaies, les bas-reliefs, les fresques de Pompéi; sans parler des statues de Muses isolées. Tantôt on les montrait au nombre de trois (coffre de Cypselos ; groupe de Praxitèle, transporté de Thespies à Rome par Lucullus); tantôt au nombre de six (bas-reliefs de Mantinée, où l'on voit la lutte de Marsyas et d'Apollon en présence de six Muses) ; tantôt au nombre de neuf (vase François et nombreux monuments figurés). Depuis l'époque alexandrine, chacune des Muses fut toujours représentée avec ses attributs propres.
L'Athénien Cléomène avait exécuté pour la ville de Thespies les statues des Muses (Thespiades), qui furent transportées à Rome par Mummius. Philiscus de Rhodes sculpta, à Rome même, les neuf Muses, qui furent placées dans le portique d'Octavie. Un beau bas-relief, appartenant au Louvre, qui décorait autrefois les trois faces apparentes d'un sarcophage dit le sacorphage des muses, représente les neuf Muses.
L'art moderne nous offre de nombreuses représentations des Muses.
L'assemblée des Muses sur le Parnasse, présidée par Apollon, a été représentée par le Tintoret. Les neuf Muses ont été représentées encore par Eustache Le Sueur, dans cinq tableaux qui sont aujourd'hui au Louvre. Un autre tableau du Louvre, peint par Stella, fait voir Minerve venant visiter les Muses. Ingres a peint la Naissance des Muses, et Bouguereau, Apollon et les Muses dans l'Olympe, pour le plafond du théâtre de Bordeaux. Une célèbre suite de tapisseries représentant les Muses a été exécutée d'après Lebrun aux Gobelins.