Combattant de l'armée des grecs qui passait son temps à râler, Thersite était célèbre pour sa laideur et son bavardage incessant et acrimonieux.
Il reprocha vertement à Agamemnon d'avoir volé Briséis à Achille, puis suggéra de faire revenir l'armée en Grèce.
Seul Thersite, parleur sans mesure, piaillait encore. Son esprit abondait en paroles de désordre, pour chercher, vainement, mais contre le bon ordre, querelle aux rois, avec tout ce qu'il jugeait propre à faire rire les Argiens.
Il était le plus laid des hommes venus devant Ilion : louche, boiteux d'une jambe, la poitrine creuse entre des épaules voûtées; là-dessus une tête pointue, où végétait un rare duvet. Il était détesté surtout d'Achille et d'Ulysse, car c'est contre eux que, d'habitude, il récriminait. (Iliade II, 200)
Ulysse le détestait et le fit bastonnait.
A la mort de Penthésilée Thersite se plaça devant Achille et le gourmanda en ces termes :
«Insensé, quel dieu t'égare ? pourquoi déplores-tu la mort de l'Amazone qui voulait notre perte ? Homme au coeur de femme, tu regrettes cette jeune fille à qui tu aurais désiré offrir les dons joyaux de l'hyménée ! Plût aux dieux que, dans le combat, elle t'eût transpercé de son javelot, puisque, dans l'excès de ta douleur, tu livres ton coeur à la femme et oublies le devoir à la vue de la beauté. Lâche ! qu'as-tu fait de ton courage et de ta raison ? Je ne vois plus en toi la force d'un roi vaillant ; ignores-tu les misères que les Troyens ont méritées par leur mollesse ? Rien n'est plus funeste aux hommes que les voluptés et l'amour des femmes ; voilà ce qui pousse au délire les héros les plus courageux ; la gloire accompagne la vertu. Un guerrier n'aime que l'honneur de la victoire et les travaux d'Arès ; le lâche préfère les caresses des femmes». (Quintus de Smyrne I, 770)
Achille le frappa du poing entre la mâchoire et l'oreille d'un coup si puissant que ses dents tombèrent à terre. Il mourut ce qui fit un grand plaisir à tous les soldats qu'il avait coutume d'humilier.
Seul Diomède s'emporta puisque Thersite était le fils d'Agrios, frère d'Oenée et celui-ci avait eu pour fils Tydée, père Diomède. Heureusement on le calma par des paroles sages.