GILGAMESH ⑵

Les deux hommes entament une épopée qui va les conduire sur les chemins de la démesure et delà à leur perte.

HUMBABA ET LA FORET DE CEDRES.

 Humbaba
Humbaba attaqué par Gilgamesh et Enkidu

Gilgamesh brûle d’accomplir un exploit extraordinaire qui laisserait à jamais son nom gravé sur les tablettes d’argile et dans la mémoire des hommes. La rencontre d’Enkidu lui en fournit l’occasion, et tous deux décident de réaliser ensemble prouesses sur prouesses. Gilgamesh a déjà décidé de tuer le géant Humbaba et forge des armes puissantes Avant de commencer une entreprise si difficile, les deux amis prient Shamash, dieu du soleil, et se rendent chez la mère du roi, prêtresse du dieu. Enkidu, à vrai dire, est un peu effrayé et essaie de persuader son ami de renoncer à une entreprise si hasardeuse. Les citoyens d’Uruk, à leur tour, ont peur. Tout esprit héroïque leur fait défaut ils essaient donc de dissuader leur roi. Après une dernière prière à Shamash et de nouveaux conseils de prudence, les deux amis s'en vont.

La hauteur des cèdres est de soixante-douze coudées, la largeur de vingt-quatre coudées.
Ils contemplent et admirent.

En trois jours, alors que le voyage normal aurait demandé un mois et demi, ils se rendent sur la Montagne, couper les cèdres qui y poussent. Après ce long voyage, ils arrivent à l’entrée de la forêt et s’étonne devant la taille des arbres. L’entrée de la forêt des cèdres, interdite aux mortels, est gardée par le géant Houmbaba (Houwawa ou Khoumbaba) "le grand mal". C’est un démon terrible, ses dents sont celles d’un dragon, sa face celle d’un lion, ses pieds sont des serres et il se défend en émettant une série de cris qui glacent d’épouvante quiconque les entend. De plus ce fils de la Montagne est protégé des dieux, enfin pas tous, car Shamash interviendra au moment décisif.

Seul on ne peut vaincre mais deux ensemble le peuvent, l'amitié multiplie les forces,
une corde triple ne peut être coupée
et deux jeunes lions sont plus forts que leur père.

Mais Enkidu est saisi de peur et les forces lui manquent pour continuer. Alors Gilgamesh le raisonne et le soutient moralement. Ils pénètrent finalement dans la forêt où les cèdres dressent leurs troncs immenses et c’est au tour de Gilgamesh de faiblir. Mais les voilà enfin face à face avec le monstre qui se moque :

Quel fou t’a conseillé de venir ici ?
Mais tu es accompagné d’Enkidu,
Cet enfant de poisson ?
Ce fils de tortue ?

C’est avec ce sauvageon que tu veux me défier ?Le combat est terrible; heureusement que Shamash intervient et jette dans la bataille les treize grands vents: Le Vent du Nord, le Vent du Sud, le Vent d’Est, le Vent d’Ouest, le Vent-Souffleur, le Vent-Tourbillon, le Vent-Mauvais, le Vent-Poussières, le Vent-Gel, le Tourbillon, la Tempête, la Tornade et l’Ouragan, qui bloquent le géant afin qu'il ne puisse plus bouger.

Ô divin Shamash tu as promis à ma mère, Ninsoun, d'être près de moi.
Ne m'abandonne pas, ne t’éloigne pas de moi, entends mon appel.

C'est la fin du combat, Khumbaba supplie Gilgamesh de l'épargner; il lui offre ses meilleurs bois. Celui-ci est sur le point d'accepter, mais Enkidu l'engage à tuer l'ennemi. Les deux héros frappent violemment Humbaba. qui en mourant prononce cette malédiction:

Que leur amitié disparaisse…
Qu’ils n’aient pas le temps de vieillir…

Malgré leur fatigue, nos deux héros prennent leur butin tandis d’épaisses ténèbres s’abattent sur la Montagne des Cèdres. Ils comprennent, trop tard, que les dieux ne voulaient pas de cette exécution.
Le dieu de la terre, Enlil, est très en colère, et décide de les tuer. Shamash intervient et obtient que seul Enkidu meure plus tard.

LE TAUREAU CELESTE.

Sur la beauté de Gilgamesh, la grande déesse
Ishtar jeta les yeux.
Allons ! Gilgamesh, sois mon amant !
Que toi tu sois mon époux et moi ton épouse !
Je te ferai atteler un char de lapis-lazuli et d'or...
Entre en notre demeure, dans le parfum du cèdre.
Quand tu entreras en notre demeure,
Ceux qui siègent sur des trônes baiseront tes pieds,
Ils se prosterneront sous toi les rois, les seigneurs
et les princes (Tablette VI)

 Gilgamesh et le taureau
Gilgamesh terrasse le taureau

La déesse Ishtar est séduite par l'héroïque roi d'Uruk et essaie de lui faire du charme, mais le monarque repousse avec dédain les avances de la grande déesse; il l'insulte même, en lui reprochant violemment sa vie de luxure qui, par vice, se donne aux hommes et même aux animaux. La déesse, furieuse de l'injure subie, prie le dieu Anu de venger sa honte, en pétrissant un taureau céleste, capable de terrasser et de tuer Gilgamesh. Ishtar menace de détruire les remparts de enfers alors Anu accède au désir de la déesse et un taureau gigantesque descend sur la terre, mais Enkidu l'affronte immédiatement et le tue.

Allons ! Je révélerai tes prostitutions.
A Tammuz, l'amant de ta jeunesse,
Année par année, tu l' as voué à la lamentation
L'oiseau « petit-jardinier », le bariolé, tu l'aimas,
Et tu le frappas et tu brisas son aile !
Tu as aimé le lion, parfait en vigueur,
Et tu lui as creusé sept et sept fosses
Tu as aimé le cheval, fier dans le combat,
Et tu lui as destiné la courroie, l'aiguillon, le fouet.
Tu as aimé le berger, le pasteur,
Chaque jour il t'immolait des chevreaux,
Tu l'as frappé et en léopard tu l'as changé [...]
Et moi tu m'aimeras et comme ceux-là tu me métamorphoseras !

La colère d'Ishtar se déchaîne à nouveau ; elle se rend sur les murailles de la ville d'Uruk, d'où elle lance les injures les plus atroces au roi, en le maudissant. Enkidu se saisit alors d'un (du?) membre du taureau abattu, et le jette en signe de moquerie aux pieds de la déesse. Gilgamesh détache les cornes du taureau, qui peuvent contenir au moins six vats(?) d'huile, et les destine aux onctions rituelles du culte de Lugalbanda, pour qui il avait une vénération toute particulière. Après quoi les deux amis, s'étant lavés les mains dans l'Euphrate, regagnèrent Uruk parmi les acclamations du peuple. Après les fêtes célébrées en l'honneur des deux héros, fêtes qui se terminent par un banquet. Enkidu a de nouveau des rêves de mauvais augure.

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