La descente à Kur, aux enfers, est un des récits les plus célèbres de la mythologie de la Mésopotamie. Il existe plusieurs versions de ce récit.
On a longtemps pensé qu' Ishtar / Inanna descendait aux enfers pour y aller chercher l'amant de sa jeunesse, Tammuz. Sans doute cela collait bien avec le fait que Tammuz était le dieu de la végétation qui disparaissait de façon cyclique exactement comme le mythe de Perséphone. Mais certains textes semblaient en contradiction comme par exemple dans l'épopée de Gilgamesh où le héros reproche à la déesse ses nombreux amants et le sort qui leur est réservé:
"A Tammuz, l'amant de ta jeunesse,
Année par année, tu l'as voué la lamentation"
Ishtar / Inanna décide un jour d’aller à Kur où règne sa sœur, Ereshkigal, déesse de la mort et de la stérilité.
Les raisons de ce voyage ne sont pas clairement expliquées au début du récit,
"Ishtar a abandonné le ciel et la terre pour descendre aux enfers.
Dans Uruk elle a abandonné son temple pour descendre aux enfers."
… suivent le nom d’autres villes qu’elle abandonne.
Elle se prépare avec beaucoup de soins et d’attention à ce terrible voyage : tout d’abord elle recueille les sept « Me », les sept incantations, puis elle choisit de nombreux et magnifiques bijoux
"Elle a glissé l'anneau d'or à son poignet,
Et a mis les bracelets de lapis à ses bras."
Puis elle a revêtu sa longue robe royale sans oublier de farder ses yeux avec le mascara « viens homme, viens »
Ishtar / Inanna est prête pour descendre au Kur, les enfers.
Pourtant Ishtar connait les dangers d’un tel voyage.
C’est pourquoi elle demande à Ninshubur, sa fidèle servante de prendre le deuil si elle ne revenait pas. Puis elle lui demande d’aller dans les temples pour implorer successivement les dieux Enlil, Nanna et Enki de ne pas l’abandonner.
N'abandonnez pas votre argent lumineux
Elle est couverte de poussière dans les enfers.
N'abandonnez pas vos lapis précieux
Elle est comme une pierre cassée.
N'abandonnez pas votre buis parfumé
Elle est comme du bois coupé.
Et elle est sure de trouver une aide
Enki , dieu de la sagesse, connait la nourriture de vie,
Il connaît l'eau de la vie;
Il sait le secret de la vie.
Sûrement qu'il ne me laissera pas mourir.
Suit une courte description des lieux où il apparait que tout est sombre, poussiereux et que les habitants de cette triste contrée sont habillés de plumes comme les oiseaux.
Elle, la fille de Sin, décida de se rendre
Dans la demeure de l’obscurité, le séjour d’Irkalla,
Vers la demeure où ceux qui entrent ne sortent jamais,
Sur le chemin dont l’aller est sans retour,
Vers la demeure où ceux qui entrent
sont privés de lumière,
Là où la poussière est leur nourriture,
là où le pain est poussière.
Ils ne verront plus le jour, ils séjournent dans l’obscurité,
Ils sont vêtus comme les oiseaux
d’un vêtement de plumes,
Sur la porte et le verrou s’accumule la poussière.
Descente d'Ishtar aux Enfers; III-11
La voilà seule devant la porte du Kur sur laquelle elle frappe à coups redoublés et en appelant d’une voix féroce le gardien.
Neti (ou Ninghizhidda, le serpent cornu) s’étonne de la voir ici surtout quand elle fait savoir qui elle est.
"Si vous êtes vraiment Inanna, reine de ciel,
Sur son chemin de l'Est,
Pourquoi votre coeur vous a-t-il mené sur la route
D'ou aucun voyageur ne revient ?"
Et Ishtar va fournir pour la première fois une explication à sa venue.
"J'ai appris que Gugalanna, le taureau du ciel,
Mari de ma soeur ainée Erishkigal, est mort.
Je suis venue pour être témoin des rites funèbres.
Laissez la bière de ces rites funèbres être versée dans la tasse."
Gugalanna n’est pas clairement identifié comme parèdre de la déesse qui épousera dans un récit akkadien plus tardif le dieu Nergal.
Puis comme Neti ne semble pas réagir elle menace :
"Ouvrez la porte que je puisse entrer !
Si vous n'ouvrez pas la porte pour que je puisse entrer,
Je casserai la porte, je briserai la poignée,
Je ferai sortir les morts pour qu'ils mangent la vie,
De sorte que les morts dépasseront la vie en nombre…"
Neti préfère aller informer la reine du Kur de la présence de cette importante visiteuse, dont il fait une description très détaillée en précisant qu’elle détient les sept « Me » dans ses mains. Erishkigal est devenue toute pâle et ne comprend pas pourquoi sa sœur vient la voir.
Je ne bois que de l'eau avec les Anunnakis.
Je mange de l'argile comme nourriture,
je bois l'eau boueuse pour la bière.
Ici on pleure pour les jeunes hommes forcés d'abandonner leurs amoureuses.
Ici on pleure pour les filles forcées d'abandonner leurs amoureux.
Ici on pleure pour les enfant morts-nés.