Institué par Numa, le collège des vestales était constitué de quatre puis six et et peut-être sept prêtresses qui étaient recrutées parmi les jeunes filles des plus anciennes familles de Rome, tout au moins au début, pour entretenir le feu sacré de la déesse Vesta.
Les vestales devaient être nées de parents toujours vivants et liés par un mariage par confarreatio, réservé aux patriciens. Les jeunes filles, âgées de six à dix ans, devaient être saines de corps et d'esprit et bien entendu vierges. Les vingt candidates étaient choisies par le Grand Pontife parmi les petites filles sans le consentement explicite du pater familias qui pouvait toutefois proposer sa fille. Puis avait lieu un tirage au sort et le grand pontife saluait la nouvelle vestale par un discours qui se terminait par «Te amata capio». Entrées dans ce ministère on commençait par lui couper les cheveux et le Grand Pontife l'affranchissait de l'autorité de son père.
Les vestales devaient exercer leur charge pendant trente ans: les dix premières années les discipula apprenaient leurs devoirs, qu'elles exerçaient durant les dix suivants. Les dix dernières années étaient consacrées à former les novices. Au delà elles revenaient à la vie civile et elles pouvaient se marier mais le mariage était de mauvais augure ou bien elles pouvaient ne pas quitter le temple et devenaient alors vestales honoraires. Il est peu probable que ces femmes qui n'avaient connu jusque là qu'une vie de privilèges et d'honneurs veuillent se retrouver sous la tutelle d'un mari (mariage cum manum) ou sous la tutelle de son père (mariage sine manum)
Elles obéissaient au Grand Pontife (Pontifex Maximus) qui excerçait sur elles une autorité paternelle et à la Grande Vestale (Vestalis Maxima ou Virgo Maxima), en général la plus ancienne. Le collège des vestales dura 1100 ans et fut supprimer par Théodose en 389.
La fonction principale des Vestales était de garder et d'entretenir le feu sacré nuit et jour; la négligence dans cette fonction devenait un présage funeste pour les affaires de l'Etat. Si le feu venait à s'éteindre, la vestale en faute était battue de verges par ordre du Grand Pontife. Après ce châtiment, on rallumait le feu à l'aide d'un miroir d'airain qui concentrait les rayons du soleil ou bien en frottant ensemble deux morceaux de bois pris à un arbre d'heureux présage (arbor felix).
Elles étaient tenues d'observer une stricte chasteté. Celle qui manquait à ce voeu était condamnée à mourir, accusée du crime d'incestus.
Suivant les lois de Numa, elles expiraient sous les coups de verges. Elles furent ensuite précipitées du haut d'un rocher. Enfin à partir du temps de Tarquin l'Ancien, elles furent condamnées à être enterrées vivantes. Toutefois pour éviter d'être accusé d'avoir fait mourir une vestale on lui laissait un peu de pain , de l'eau et une bougie.
Outre la garde du feu sacré, les vestales étaient tenues à faire des offrandes et réciter des prières de jour comme de nuit. Chaque matin elles aspergeaient d'eau pure le sanctuaire.
En revanche, elles jouissaient de droits et d'honneurs considérables. Elles avaient droit à des licteurs et si un consul ou un préteur se trouvait sur leur chemin, il était obligé de prendre une autre route, ou s'il ne pouvait pas éviter la rencontre, il devait abaisser leurs faisceaux devant elles en signe de respect.
Elles pouvaient gracier un condamné rencontré sur le chemin du supplice à condition que la rencontre soit fortuite. Elles pouvaient recevoir, donner des diners, assister aux jeux du cirque pour lesquels une place leur était réservée. Gérôme a peint la toile Pollice verso qui met en scène une groupe de vestales assises au premier rang et demandant la mort du vaincu. Je pense que la réalité était tout autre et que leur intervention était plus miséricordieuse d'autant plus que les gladiateurs professionnels étaient des hommes qui valaient très chers et qu'il fallait préserver.
La maison des vestales, l'Atrium Vestæ, l'une des ruines les mieux conservée se situait entre le forum et le Palatin à proximité de la maison (Regia) du Grand Pontife et du petit temple rond de Vesta. C'est là que les Pénates de Rome et quelques objets mystérieux étaient conservés à l'abri des regards tout particulièrement des hommes car seules les femmes pouvaient y pénétrer lors du Vestaliale, le 5 avant les ides de Juin.
Les romains faisaient alors des festins dans les rues, chacun devant pas porte, et choisissaient des mets qu'ils apportaient au temple de la déesse. On conduisait par la ville des ânes couronnés de fleurs, et ornés de colliers composés de morceaux de pâte, en forme de petits pains ronds, en mémoire des services que de ces animaux avait rendus à Vesta. Les dames romaines allaient nu-pieds au temple de Vesta et au Capitole
Le costume des Vestales n'avait rien de très strict. Elles portaient une coiffe qui ne descendait pas plus bas que l'oreille, et qui laissait ainsi leur visage à découvert; elles y attachaient des bandelettes que quelques-unes nouaient par-dessous la gorge; les Vestales laissaient pousser par la suite leurs cheveux, qu'on avait d'abord coupés lors de la consécration. Elles avaient sur leurs habits un voile de toile fine d'une extrême blancheur qui les faisait reconnaitre de loin, et éventuellement pardessus une mante de pourpre qu'elles portaient ordinairement sur une seule épaule, laissant l'autre bras libre, et retroussé fort haut.
① Tite-Live dans son Histoire Romaine, livre VIII chapitre XV, raconte qu'en 36 avant notre ère : " 7) Cette année, Minucia, vestale, soupçonnée d'abord pour sa parure trop recherchée, fut dénoncée ensuite aux pontifes par les révélations d'un esclave. (8) Un décret lui enjoignit de renoncer à ses pieuses fonctions, et de retenir tous ses esclaves en son pouvoir. Puis elle fut jugée, et enfouie vivante sous terre près de la porte Colline, à droite du chemin pavé, dans le champ du Crime, appelé ainsi, je pense, du crime de cette vestale. "
② Pline le Jeune dans une lettre (IV, 11) raconte à son cher ami Cornélius comment Domitien fit condamner la grande Vestale Cornélie: "... Aussitôt les pontifes furent envoyés pour la faire enterrer et mettre à mort. La malheureuse, tendant les mains tantôt vers Vesta, tantôt vers les autres dieux, répétait surtout parmi toutes ses supplications : « C'est moi que César croit impure, moi, dont les sacrifices lui ont donné la victoire, lui ont donné le triomphe l »
Parlait-elle ainsi par flatterie, ou par dérision, par conscience de son innocence ou par mépris du prince, on ne sait; mais elle ne cessa de le dire, jusqu'au moment où on la conduisit au supplice, peut-être innocente, certainement considérée comme innocente. Bien plus, tandis qu'on la faisait descendre dans cette fatale chambre souterraine, son manteau s'étant accroché, elle se retourna et le ramena autour d'elle, et comme le bourreau lui tendait la main, elle se détourna avec un sursaut et se rejeta en arrière, repoussant, dans un suprême geste de délicatesse, ce contact qu'elle regardait comme une souillure pour son corps chaste et pur, et observant toutes les règles de la pudeur, elle mit tous ses soins à tomber avec décence... "
③ Vers -204, la vestale Claudia tira avec sa ceinture le bateau sur lequel arrivait la statue de Cybèle pour prouver son innocence.
Dans une autre version elle permit à son frère d'atteindre le Capitole alors que le Sénat lui refusait le triomphe.
④ La vestale Tuccia porta de l'eau dans un trémis depuis le Tibre jusqu'au temple de la déesse pour prouver sa chasteté injustement soupçonnée comme le raconte Valère Maxime dans "Actions et paroles mémorables: (livre VIII, chapitre 1 § 5). "Un secours semblable sauva la jeune Vestale Tuccia qui était accusée d'inceste et fit éclater sa vertu en déchirant le voile d'ombre dont l'avait enveloppée la calomnie. Forte du sentiment de sa pureté, elle osa chercher son salut par un moyen risqué. Elle saisit un crible et s'adressant à Vesta : "Si j'ai toujours approché de tes autels avec des mains pures, accorde-moi de prendre dans ce crible de l'eau du Tibre et de la porter jusque dans ton temple." Quelque hardi et téméraire que fût un pareil voeu, la nature obéit d'elle-même au désir de la prêtresse. "
⑤ Rhéa Silva, fille de Numitor, était vestale d'Albe-la-longue et donna naissance à Romulus et Rémusaprès la visite de Mars.