EMPIRE ⑴

La bataille d'Actium (31) donna l'empire à son rival. Antoine se tua. Une ère nouvelle commençait pour Rome. Octave reçut du Sénat le nom d'Auguste, organisa le régime nouveau sans détruire, en apparence, la Constitution républicaine, prit entre ses mains les anciens pouvoirs, composa à son gré le Sénat, et, en qualité de princeps, le dirigea, désigna aux comices les candidats de son choix. Il divisa les provinces en sénatoriales, gouvernées par des proconsuls civils choisis par le Sénat, et impériales, dirigées, au nom de l'empereur, par des légats militaires.

Rome fut administrée par des fonctionnaires impériaux, les impôts furent remaniés, et, à côte du trésor public, dépendant du Sénat, exista un trésor impérial : le fisc; les légions, devenues permanentes, furent cantonnées aux frontières. Cette centralisation, sans étouffer la vie provinciale et municipale, donna au monde trois siècles de prospérité.

Auguste régna quarante-quatre ans. Il organisa la Gaule et l'Espagne, réduisit en provinces la Galatie et l'Egypte, combattit les Germains avec des succès divers (défaite de Varus), conquit la Pannonie, annexa la Mésie. L'Empire atteignit presque les frontières qu'il devait garder trois siècles. Rome fut embellie; la littérature latine atteignit son apogée.

L'OEUVRE D'AUGUSTE.

Certes, le nouveau régime est accueilli favorablement par les classes supérieures, puisqu'il apporte la paix civile, la stabilité et la prospérité. Dans les provinces, durement éprouvées par les guerres civiles, Octave Auguste est considéré comme un sauveur et un bienfaiteur. Le culte impérial devient une institution et une manifestation de loyalisme de la part des sujets de l'Empire.

Auguste gagne également l'appui du peuple romain en décrétant des distributions gratuites de céréales, l'attribution de sommes d'argent aux pauvres, l'organisation de jeux et de spectacles "du pain et des jeux"). Il s'assure de plus la fidélité de l'armée en installant les vétérans dans les provinces et en créant une armée permanente, avec un service de longue durée et une solde régulière. Limitée désormais à la seule défense de l'Empire, l'armée est écartée des jeux politiques et cela pour un siècle. Elle se consacre à la conquête de nouveaux territoires, le nord-ouest de la péninsule Ibérique, les hautes vallées des Alpes et les Balkans; seul le projet d'étendre la domination romaine à la Germanie, à l'est du Rhin, est abandonné après l'anéantissement par les Germains de trois légions conduites par Varus, en 9 de notre ère.

Ces victoires extérieures et le maintien de la paix intérieure marquent le long règne d'Auguste, que symbolise le terme de Pax romana s'étendant sur tout le pourtour de la Méditerranée. L’agriculture et le commerce sont florissants, la vie urbaine prospère, la littérature et les arts s'épanouissent dans ce qu'on peut considérer comme le premier "âge d'or" de la civilisation romaine. Parmi les aspects négatifs du nouveau régime, on peut déjà déceler la disparition du débat politique et de la liberté de pensée qui marquait le dernier siècle de la République. Cette tendance s'intensifiera avec les successeurs d'Auguste, entrainant de sinistres conséquences.

LA SUCCESSION.

Auguste, resté sans descendance mâle, avait adopté Tibère, dont le règne, long et pacifique (14-37 de notre ère), n'est troublé que par des conflits avec le sénat, dans une atmosphère stérile de trahisons et de conspirations de palais. La crise de l'institution impériale s'accélérera avec ses successeurs de la dynastie julio-claudienne, de Caligula, l'empereur fou (37-41), à Néron, pervers et tyrannique (54-68), en passant par Claude, cultivé mais faible (41-54).

A la disparition de Néron, resté sans héritier légitime, le trône impérial est mis à l'encan. Plusieurs généraux commandant les légions cantonnées dans les provinces se portent sur Rome après s'être fait proclamer empereur par leurs soldats
En 69, Vespasien, commandant des légions de l'Est, met fin à la guerre civile et fonde la dynastie des Flaviens, qui s'achèvera dans un climat de terreur sous le règne de Domitien (81-96), lequel paiera de sa vie ses nombreux crimes.
Le sénat reprend alors sa position éminente en mettant Nerva, soldat faible et inefficace, sur l'ancien trône d'Auguste. Le seul mérite de ses deux ans de règne consistera à éviter le déclenchement d'une nouvelle guerre civile en adoptant pour successeur un général jouissant d'une grande popularité, Trajan (qui règne de 98 à 117). Excellent chef militaire, Trajan étend les frontières de l'Empire. Fin politique, il gagne les faveurs du sénat, qui le lui rend bien et considère désormais comme l'empereur idéal. Ce climat de stabilité et d'entente se poursuit sous Hadrien (117-138), Antonin le Pieux (138-161), dont le règne se situe à l'apogée de l'Empire, et Marc Aurèle (161-180). Chacun de ces empereurs avait été adopté par son prédécesseur en l'absence d'un héritier naturel, jusqu'à ce que Marc Aurèle décide de faire de son fils Commode son successeur. Le règne sanglant de ce dernier (180-192) confirma les appréhensions du sénat vis-à-vis des successions héréditaires.

Son assassinat replonge Rome dans les affres de la guerre civile. Au bout d'un an de combats, le général des légions du Danube, Septime Sévère, s'impose. Son règne (193-211) confirme la place dominante prise par l'armée. Lorsque, en 235, la dynastie des Sévères disparaît avec l'assassinat de Sévère Alexandre, l'Empire sombre dans l'anarchie.

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