La victoire d'Héraclès sur les Minyens fit de lui le héros le plus célèbre; sa récompense fut d'être nommé protecteur de la ville et d'épouser Mégara, la fille aînée du roi Créon, tandis qu'Iphiclès épousait la plus jeune. Selon certains, Héraclès eut deux fils de Mégare, selon d'autres, il en eut trois, quatre ou même huit. On les connaît comme les Alcaïdes.
Héraclès vainquit ensuite Pyraechmès, roi des Eubéens et allié des Minyens, alors qu'il marchait contre Thèbes; il répandit la terreur dans toute la Grèce et donna l'ordre que son corps fût écartelé par des poulains et demeurât exposé sans sépulture près de la rivière Héracléios.
Héra, dépitée des exploits d'Héraclès, le rendit fou. Il s'attaqua d'abord à son neveu bien-aimé Iolaos, fils aîné d'Iphiclès qui réussit à échapper à ses coups terribles; puis, prenant six de ses propres fils pour des ennemis, il les abattit et lança leurs corps dans un grand feu, ainsi que deux autres fils d'Iphiclès, qui faisaient avec eux des exercices militaires.
Lorsqu'Héraclès retrouva ses esprits, il s'enferma dans une chambre et demeura
dans l'obscurité pendant quelques jours sans voir personne, puis, après que
le roi Thespios l'eut purifié, il se rendit à Delphes, pour demander ce qu'il
devait faire. La Pythie, en s'adressant à lui, l'appela pour la première fois
Héraclès au lieu d'Alcide et lui conseilla de résider à Tirynthe, de se mettre
au service d'Eurysthée pendant douze ans et d'accomplir tous les travaux qu'on
pouvait lui demander; en récompense, il serait immortel.
En entendant ces mots, Héraclès tomba dans un profond désespoir; la perspective d'être au service d'un homme qu'il savait très inférieur à lui-même lui était odieuse, mais il redoutait de contrarier son père Zeus. De nombreux amis vinrent le consoler et, à la fin, lorsque le temps eut un peu adouci son chagrin, il se mit à la disposition d'Eurysthée. Son neveu Iolaos participa aux Travaux en conduisant son char ou en portant ses affaires.
On dit que lorsque Héraclès entreprit ses Travaux, Hermès lui donna une épée, Apollon un arc et des flèches lisses garnies de plumes d'aigle; Héphaïstos, un plastron d'or, et Athéna, une tunique. Athéna et Héphaïstos, ajoute-t-on, rivalisaient d'attentions auprès d'Héraclès: elle lui assura la joie de goûter les plaisirs tranquilles; lui, le protégea contre les dangers de la guerre. Poséidon lui fit don d'une paire de chevaux; Zeus d'un magnifique bouclier que rien ne pouvait entamer. On racontait bien des histoires au sujet de ce bouclier en émail, ivoire, électrum, or et lapis-lazuli; en outre, douze têtes de serpents sculptés sur la saillie du bouclier et dont les mâchoires s'entrechoquaient lorsqu'Héraclès allait au combat, terrifiaient ses adversaires. La vérité cependant est qu'Héraclès dédaignait les armures et, après le premier de ses Travaux, il porta rarement la lance; il se servait seulement de sa massue et de son arc. Il utilisait très peu la massue à tête de bronze dont lui fit présent Héphaïstos et préféra la sienne taillée dans le bois d'un olivier sauvage: d'abord sur l'Hélicon, ensuite à Némée. Il remplaça cette seconde massue par une autre, taillée également dans un olivier sauvage au bord du golfe de Saronique. C'est cette massue, qu'à Trézène, lors de son passage dans la ville, alors qu'il s'appuyait contre la statue d'Hermès, prit racine, bourgeonna, et devint un arbre majestueux.
En dehors des Travaux Héraclès causa, parfois involontairement, la mort d'hommes et de femmes.