Aristide, fils de Lysimaque, Athénien illustre par son intégrité qui le fit surnommer le Juste.
Né vers 540 av. notre ère, de famille noble mais peu fortunée, il prit part, comme stratège de sa tribu, à la bataille de Marathon (490), où il se couvrit de gloire, et devint l'année suivante premier archonte.
Or, entre les deux guerres médiques, Athènes fut agitée par le conflit entre les deux partis, et Aristide se trouva ainsi le rival perpétuel de Thémistocle. Celui-ci, rattaché par son origine aux classes moyennes, poussait au développement de la puissance maritime d'Athènes. Aristide, lui, fidèle aux traditions, tenait pour la prédominance de l'agriculture et des propriétaires fonciers, pour la suprématie de l'armée de terre. Finalement, le peuple se décida entre les deux, et prononça contre Aristide l'ostracisme (484).
Bien avant dix ans, au milieu des terreurs de l'invasion de Xerxès (480), un décret public le rappela. Il se réconcilia avec Thémistocle, combattit à Salamine et commanda les Athéniens à Platées (479), opéra encore contre les Perses à Chypre et à Byzance (478) ; enfin, les Ioniens le chargèrent d'organiser la confédération maritime (477); il en régla les conditions militaires, navales et financières, et, après la trahison de Pausanias, contribua à faire donner le commandement de toutes les forces helléniques aux Athéniens ; il seconda Cimon dans ses victoires sur la côte d'Asie.
Archonte en 478, il présenta lui-même le décret rendant toutes les charges, même celle d'archonte, accessibles à tous. Il mourut vers 468. Il était demeuré si pauvre, après avoir géré les finances de toute la Grèce, que la république fut obligée de payer ses funérailles et de doter ses filles.
On rapporte qu'un illettré, qui ne le connaissait pas, lui demanda
d'écrire ce nom sur son bulletin de vote :
—Aristide t'a-t-il personnellement offensé?
— Non, mais je suis las de l'entendre toujours nommer
le Juste.