Les Éleusinies ou « mystères d'Éleusis » sont une fête en l’honneur de la déesse Déméter (Cérès) qu'on célébrait tous les 4 ans chez les Céléens et Phliasiens, et tous les ans chez les Phénéasiens, les Lacédémoniens, Parrhasiens et Crétois, mais plus spécialement chez les Athéniens à Eleusis, ville d'Attique, d'où ils furent transférés par Adrien à Rome ; ils subsistèrent jusqu'au règne de Théodose Ier, empereur romain de 379 à 395 de notre ère.
C'était, de toutes les fêtes grecques, la plus célèbre et la plus mystérieuse : aussi l'appelait-on les Mystères par excellence.
>Les uns attribuent l'établissement des premiers à Eumolpe (fils de Poséidon et de Chioné, fille de Borée), les autres à Orphée. Les Athéniens, qui se qualifiaient inventeurs de l'agriculture, en rapportaient l'origine à Déméter elle-même, qui, sous le nom et l'habit d'une simple mortelle, vint, en cherchant sa fille, chercher un abri chez Céléos, roi d'Eleusis où elle y met fin à son jeûne en buvant le kykéon (Boisson à base de vin, d'orge et de fromage de chèvre râpé) . En récompense elle l’initia aux mystères et lui enseigna l’agriculture.
Diodore de Sicile en donne pour auteur Erechthée, quatrième roi d’Athènes, qui, venu d'Egypte avec une flotte chargée de blé, délivra l'Attique d'une importante famine, et qui, placé sur le trône par la reconnaissance des habitants, leur enseigna le culte de Déméter.
Ces mystères se célébraient dans le mois Boédromion (approximativement entre le 23 août et le 21 septembre). Les petits, consacrés plus particulièrement à Perséphone, étaient célébrés à Agra près d'Athènes, sur les bords de l’Hissus, dans le mois d'Anthestérion (22 février et le 21 mars). Il parait constant qu'ils furent institués pour les étrangers, exclus dans les premiers temps de la participation aux mystères d’Eleusis, réservée pour lors aux seuls citoyens. Cette faveur même ne s'accordait que rarement ; il fallait que le défaut de la naissance fût couvert par un mérite éclatant. On compte, parmi ceux qui la reçurent, Héraclès (pour qui ils auraient été créés), Castor et Pollux, Asclépios, Hippocrate, et le philisophe Scythe Anarharsis.
Ces mystères étaient divisés en grands et petits.
Les petits mystères avaient encore une autre destination, celle de préparer aux grands mystères, dont ils étaient l'image. On ne les employa plus qu'à ce dernier usage, quand les premiers furent accessibles à toutes les nations. Les candidats au mystère portaient le nom de myste.
L'intermédiaire était de 5 ans ; d'autres disent d'un an au moins pour les citoyens et pour ceux qu'on voulait favoriser. Pendant cet intervalle, ils portaient le nom de novice, et entrevoyaient de loin les cérémonies auxquelles ils se destinaient. Les mystes étaient accompagnés de leurs parrains, les mystagogues.
Ce délai expiré, ils devenaient Epoptes c.-à-d., contemplateurs. On aspirait à ce dernier état comme à celui de la perfection.
Quatre ministres présidaient aux cérémonies de l'initiation. Le 1er était l’Hiérophante, ou celui qui révèle les choses sacrées ; le 2e, le Daduque, ou chef des Lampadophores (porteur de flambeau) ; le 3e, l'Hiérocéryce, ou chef des hérauts sacrés ; le 4e, l'Assistant à l’autel, dont l'habillement allégorique représentait la lune. L'archonte-roi était le surintendant de la fête d’Eleusis, ayant pour adjoints 4 administrateurs nommés par le peuple. Les 2 premiers étaient toujours choisis dans les familles sacerdotales : Eumolpides qui fournissaient les hiérophantes et les Kéryces qui fournissaient les dadouques ; les deux autres étaient indifféremment tirés du reste des citoyens. Il y avait encore un grand nombre de ministres subalternes distribués en plusieurs classes subordonnées chacune à l'un des 4 premiers, et toutes ensemble à l’Hiérophante, ainsi qu'une reine des sacrifices, qui présidait aux cérémonies les plus mystérieuses.
Ces fêtes duraient 9 jours.
- Le 1er jour s'appelait Agyrmos, ou jour d'assemblée.
- Le 2e jour était consacré aux purifications, qui consistaient en bains de mer.
- Au 3e, jour on offrait des sacrifices, qui consistaient en millet et en orge recueillis d'un champ d'Eleusis. Ces offrandes étaient tellement sacrées, que les prêtres eux-mêmes ne pouvaient en prendre leur part.
- Le 4e jour était marqué par une procession solennelle, où le Calâthion, (corbeille sacrée), était porté sur un chariot traîné par des bœufs, on transportait ces reliques sacrées (les hiéra) jusqu’à Athènes pour les placer dans l’Éleusinion, un sanctuaire à la base de l’Acropole au milieu des acclamations du peuple.
- Le 5e jour s'appelait le jour des Torches, parce que la nuit suivante, hommes et femmes, couraient les rues, des flambeaux à la main, à l'imitation de Déméter cherchant Perséphone.
- Le 6e jour était nommé Iacchos, en l'honneur de celui qui avait accompagné la déesse dans ses recherches.
- Le 7e jour était consacré aux jeux gymniques, où le vainqueur avait pour récompense une mesure d'orge.
- Le 8e jour était employé à initier ceux qui ne l'étaient pas encore, et avait le nom d'Epidaura, en mémoire d’Asclépios était venu d'Epidaure pour être admis à l'initiation.
- Le 9e jour était appelé Plémochoé, (Vase à vasque large et peu profonde posé sur un pied élevé) parce qu'on remplissait d'eau et de vin deux récipients, dont l'un était placé à l'est, et l'autre à l'ouest, et que l'on renversait en répétant certains mots mystiques.