LA CITE

La cité grecque de l'époque classique semble être une parfaite réussite sur le plan humain.
Mais ce qui est surtout sensible, c'est son échec sur le plan politique. Le monde des cités n'a pas su s'organiser de façon à pouvoir assurer aux Grecs un avenir, vivant, comme il le faisait, au jour le jour de la guerre, car l'esprit d'indépendance empêche toute union véritable entre les Grecs. La cité ne reconnaît en dehors de son intérêt aucun principe supérieur ainsi, même son appartenance au groupe ethnique des Grecs, appartenance dont elle est fière, ne l'empêche pas de ne tenir aucun compte de certaines règles que des sanctuaires comme Olympie ou Delphes auraient pu faire prévaloir pour une justice internationale, un règlement des conflits à l'amiable, etc. Aucun engagement international n'est solide : des trêves entre Athènes et Sparte conclues pour trente ans, puis cinquante ans en 446 et 422-21 n'empêchèrent pas la guerre de reprendre en 431 et en 418; par la suite, l'hypocrisie fut même plus grande : on signait souvent la paix pour toujours et l'on recommençait très vite à s'entre-tuer.

La guerre est ainsi l'élément essentiel de la vie des cités grecques, guerre qui devient vite impérialiste, car comment mieux assurer l'indépendance de sa cité qu'en en faisant grandir la puissance? La recherche du succès à tout prix ne pouvant que corrompre, les rapports entre cités ne seront plus régis que par la loi du plus fort. Ainsi, les Athéniens expliquent aux Méliens qu'ils vont écraser

" Une loi de la nature fait que toujours, si on est le plus fort, on commande: ce n'est pas nous qui avons posé ce principe ou qui avons été les premiers à appliquer ce qu'il énonçait : il existait avant nous et existera pour toujours après nous, et c'est seulement notre tour de l'appliquer, en sachant qu'aussi bien vous ou d'autres, placés à la tête de la même puissance que nous, vous feriez de même" (Thucydide, V, 84-111).

Ces guerres, où les vaincus étaient souvent passés par les armes, épuisèrent le monde grec: les citoyens étaient trop peu nombreux pour que la mort au combat d'une centaine d'entre eux ne fût pas un désastre irréparable à la fois pour leur cité et pour toute la Grèce. Aussi le pays s'affaiblit-il peu à peu; les Perses revinrent, et, à partir de 386, ce sont eux qui, de Sardes, dirigèrent bien souvent la politique dans la Grèce du IVe siècle, une Grèce réduite à l'état de vassale.

Il fallait que les choses changent ayant soif d'une paix qui leur redonnerait quelque force, les Grecs sentaient qu'il était temps qu'un pouvoir nouveau imposât aux cités la paix commune dans l'abandon de leurs privilèges. Cc fut des marches de la Grèce que vint pour un temps le salut des Hellènes : la Macédoine de Philippe Il fit parler sa puissance et redonna force à l'hellénisme, qu'Alexandre conduisit en Asie.

BIBLIOGRAPHIE.

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