MYSTERES D'ELEUSIS ⑵.

 

CEREMONIE.

Déméter et le serpent d'Eleusis

Après ces neuf jours de procession arrivait au Télestérion ; le myste assis sur un trône (la thrônosis) buvait le kykéon et sacrifiait un porcelet au milieu d’un vacarme épouvantable, rythmé par la musique, des danseurs qui l’entouraient. Nous ne savons pas grand chose des rituels secrets qui se déroulait dans l'obscurité. Le secret a été bien gardé.

La cérémonie se faisait durant la nuit. Les initiés s'assemblaient près du temple, dans une enceinte assez vaste pour contenir un peuple nombreux. Ils portaient des couronnes de myrte, et se lavaient les mains à l'entrée du portique. Après divers préparatifs, le principal ministre de la déesse leur faisait une suite d'interrogations auxquelles ils répondaient par une formule que nous ont conservée Arnobe et Clément d'Alexandrie. Après cette réponse, on les faisait passer rapidement par des alternatives continuelles de lumière et de ténèbres ; une multitude confuse d'objets divers passait sous leurs yeux ; plusieurs voix se faisaient entendre ; enfin, on terminait la cérémonie en exposant à leurs yeux l'objet de leur attente, et ils se retiraient au milieu des acclamations. Les initiés ne quittaient jamais la robe à moins qu'elle ne fût usée de vieillesse : alors ils la consacraient à Déméter et à Perséphone.

PROMESSES.

Les Athéniens faisaient initier leurs enfants dès le berceau. C'était un devoir de l'être au moins avant la mort, et la négligence à cet égard passait pour un sacrilège. Les personnes de tout âge, de tout état, y étaient admises après les préliminaires usités. On excluait rigoureusement les homicides, même involontaires, les enchanteurs, les scélérats, les impies, et surtout les épicuriens; le héraut sacré leur ordonnait à haute voix de sortir; Néron, tout puissant qu'il était, n'osa profaner le temple de Cérès par sa présence.

Les récompenses promises aux initiés étaient trop grandes pour ne pas attirer la foule. On leur faisait envisager une félicité sans bornes. Les déesses auxquelles ils étaient consacrés devenaient leur appui, et souvent même les inspiraient à propos. Tout leur réussissait pendant la vie : après la mort, ils étaient assurés des premières places dans les Champs-Elysées, tandis que la troupe impure des profanes était rejetée dans la nuit du Tartare.

MYSTERE SECRET.

Rien n'était plus expressément défendu que de divulguer les mystères. Révéler le secret, ou l’entendre, étaient deux crimes égaux. On ne voulait avoir aucun commerce avec ceux dont l'indiscrétion avait trahi des secrets si respectables ; ils étaient bannis de la société ; on évitait de se trouver avec eux dans le même vaisseau, d'habiter la même maison, de respirer le même air. L'entrée du temple était rigoureusement interdite aux profanes , et la mort fut le prix de la témérité de deux jeunes Acarnaniens qui avaient osé s'y introduire.

Un silence, qu'il était si dangereux de rompre, à couvert de voiles presqu’impénétrables, l'intérieur des mystères. Cicéron (De Leg. 2,  14) dit, en général, que, ramenés à leur véritable sens, ils nous instruisent plutôt de la nature des choses que de celle des dieux. Il semble résulter de ce passage que les objets de ce culte, divinisés dans les temps postérieurs, n'étaient que des emblèmes qui présentaient originairement, sous une image sensible, quelque point de la religion, relatif à la formation de l'univers et des êtres qui le peuplent, (Pausanias 10,  31).

VIE CIVILE.

Pendant ces 9 jours, il n'était permis de juger personne ; les tribunaux étaient fermés, les affaires suspendues. C'était un crime, puni de mort, de présenter une requête dans le temple d'Eleusis. Une loi formelle défendait aux femmes, même de haut rang, de se faire mener au temple dans des chariots, et la peine de cette prévarication était une amende considérable.

Après chaque célébration des mystères, l'Archonte, présidait l'Héliée ou un tribunal d'initiés, constitué d’une assemblée des prêtres (Eumolpides et Kéryces) pour examiner les exactions commises pendant les cérémonies. (Lire le "discours sur les mystères" d’Andocide où il est accusé d’avoir déposé un rameau sur l’autel pendant cette période)

BIBLIOGRAPHIE.

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