Général orateur et homme d'Etat grec né à Athènes vers 460 av. notre ère, de la famille illustre des Alcméonides, mort en Phrygie en 404.
Orphelin de bonne heure, Alcibiade fut élevé par Périclès. Très séduisant, beau, élégant et riche, mais vaniteux, égoïste, il fut dès son jeune âge assoiffé de publicité et sans scrupules. Les leçons de Socrate même ne purent exercer sur lui une influence suffisante. Il se distingua d'abord dans divers combats, à Potidée, où Socrate lui sauva la vie, et à Délion où lui-même protégea la retraite du philosophe. Mais de retour à Athènes, il mena une vie de débauche, troublant la cité de ses scandales. Toute la Grèce parlait de ses prodigalités, de ses folies, d'un chien magnifique qui lui avait coûté très cher, auquel il coupa la queue quand toute la ville eut fini de l'admirer, afin qu'on en parlât encore.
Le chien d'Alcibiade
Alcibiade avait un chien d'une taille et d'une beauté étonnantes, qu'il avait payé soixante-dix mines. Il lui coupa la queue qui était magnifique. Comme ses amis le blâmaient, et lui rapportaient que tous se répandaient en critiques mordantes à propos de ce chien, Alcibiade éclata de rire : "C'est exactement ce que je souhaite. Je veux que les Athéniens parlent de cela ; ainsi, ils ne diront rien de pire sur moi."
La vie d'Alcibiade, IX; PLUTARQUE
Il entra dans les affaires publiques vers 420, et se trouva dès lors en rivalité avec Nicias. Il fit rompre la trêve avec les Lacédémoniens, reçut un commandement sur les côtes du Péloponnèse et réussit enfin (415) à entraîner ses concitoyens dans la désastreuse guerre de Sicile. Lui même allait faire voile, quand il fut accusé d'avoir, dans une nuit d'orgie, mutilé les hermès dressés dans les lieux publics, et tourné en dérision les mystères d'Eleusis. A peine arrivé en Sicile, on envoya d'Athènes la galère sacrée pour le ramener. Il s'enfuit, et, quand il apprit que les Athéniens l'avaient condamné: "Je leur ferai bien voir, s'écria-t-il, que je suis encore vivant!" Puis il alla offrir ses services aux Spartiates, qu'il étonna par sa frugalité. Il les engagea à ravager l'Attique, et souleva contre les Athéniens l'île de Chio et l'Ionie. Mais la jalousie d'Agis, dont il avait séduit la femme, et celle des généraux spartiates, le contraignirent à chercher un refuge auprès de Tissapherne, satrape perse, auquel il inspira cette politique d'épuiser les grecs en favorisant alternativement Athènes et Lacédémone. Il intriguait en même temps dans sa patrie, à la faveur d'une révolution. Nommé généralissime à Samos, il gagna sur les Spartiates les batailles navales d'Abydos (411) et de Cyzique (410), rentra triomphalement à Athènes (407), mais fut de nouveau exilé après la défaite de son lieutenant Antiochos par Lysandre. Il rassembla alors des mercenaires et alla, en aventurier, faire la guerre pour son propre compte en Thrace. Apres le désastre d'Ægos-Potamos, il se retira auprès du satrape Pharnabaze, en Bithynie.
Les Lacédémoniens négocièrent sa mort, et le satrape le fit tuer dans les bras d'une courtisane, au milieu de sa maison incendiée.