Les légendes les plus importantes rattachées à Artémis relatent des épisodes de sa naissance et de la parfaite chasteté qu'elle exigeait d'elle même et des ses suivantes allant jusqu'à tuer le pauvre mortel qui l'avait surprise nue. D'autres légendes ont trait à la vengeance qu'elle fit subir à tous ceux qui l'avait contrariée. Voir les fiches individuelles pour plus d'informations ou représentations.
Un jour, selon Callimaque, alors qu'elle n'était encore qu'une toute jeune enfant, son père Zeus lui demanda quel cadeau elle souhaiterait recevoir. Artémis lui dressa aussitôt cette petite liste de souhaits:
- une éternelle virginité qu'elle protégea avec une grande vigueur,
- autant de noms et surnoms que son frère Apollon,
- un arc et des flèches semblables aux siens,
- la fonction d'apporter la lumière,
- une tunique de chasse courte allant jusqu'aux genoux,
- soixante jeunes nymphes océanes comme dames d'honneur,
- vingt nymphes pour prendre soin de ses affaires et nourrir ses chiens,
- toutes les montagnes du monde
- enfin la cité que Zeus choisirait spécialement pour elle en précisant qu'une seule suffirait car elle avait l'intention de vivre au grand air dans les montagnes et les bois la plupart du temps.
Zeus resta un instant interloqué mais lui accorda ses souhaits. C'est ainsi qu'Artemis commença dès son plus jeune âge à rassembler les objets et les personnes qui allaient la servir.
Héphaïstos invita la jeune Artémis et les nymphes qui l'accompagnaient pour rendre visite aux Cyclopes dans l'île de Lipari; Les nymphes furent saisies d'une grande frayeur à la vue des Cyclopes au milieu des flammes de leurs forges. En revanche Artémis ne laissa transparaitre aucune peur et s'approcha Brontès, qui avait reçu des instructions pour fabriquer tout ce qu'elle souhaitait, Ce dernier la prit sur ses genoux, mais, comme son aspect rude et ses cajoleries lui étaient désagréables, elle lui arracha une grosse touffe de poils sur la poitrine qui resta glabre toute sa vie. Elle leur demanda de fabriquer pour elle un arc d'or et un carquois rempli de flèches ; en remerciement elle leur promit qu'ils mangeraient le premier gibier qu'elle abattrait. Sa première chasse se déroula en Attique.
Elle se rendit en Arcadie où Pan lui donna trois chiens aux oreilles coupées, deux bigarrés et un tacheté, capables à eux six de ramener des lions vivants et sept véloces lévriers de Sparte pour forcer à la course les bêtes les plus rapides.
① Un jour le dieu-fleuve Alphée, eut l'audace de s'éprendre
d'Artémis et de la poursuivre à travers toute la Grèce mais elle s'enfuit à Létrinoi
en Elide. Là elle enduisit son visage ainsi que celui de toutes ses nymphes
d'une boue blanchâtre, de telle sorte qu'on ne pouvait plus la distinguer de
ses suivantes. Alphée fut contraint de se retirer, poursuivi par les rires
moqueurs.
Les prêtresses d'Artémis de Létrinoi et de d'Ortygie s'enduisaient le visage d'argile blanche sans doute pour commémorer cet aventure.
② Elle était très fière de son habileté et obligea Agamemnon, coupable de s'être vanté de la surpasser au tir à l'arc, de sacrifier Iphigénie, qu'elle sauva à la dernière extrémité.
③ Artémis exigeait de ses compagnes une parfaite chasteté pareille à
celle qu'elle pratiquait elle-même.
Zeus, ayant séduit l'une d'elles, Callisto, fille de Lycaon, Artémis
s'aperçut qu'elle était enceinte. Elle la changea alors en ourse et appela
sa meute. Callisto aurait été certainement traquée et tuée par ses chiens
de chasse si Zeus ne l'avait hissée au ciel.
Par la suite, Zeus la fit figurer
parmi les étoiles. Le fils de Callisto, Arcas, fut sauvé et devint l'ancêtre
des Arcadiens.
④ Un jour, en une autre circonstance, Actéon aperçut par hasard Artémis en train de se baigner dans un torrent tout proche; il ne s'éloigna pas et la regarda. De crainte qu'il ne se vantât par la suite auprès de ses compagnons qu'elle s'était montrée nue en sa présence, elle le changea en cerf et il fut mis en pièces par sa propre meute de cinquante chiens.
⑤ En revanche elle tua de façon accidentelle Orion qui avait, comme elle, la passion de la chasse. Il est vrai qu'Apollon qui avait peur que sa soeur cède aux avances du chasseur, l'avait sciemment induite en erreur. C'est pour cela qu'elle se vengea en criblant de flèches Coronis l'amante de son frère.
⑥ D'une flèche elle tua aussi de façon accidentelle le jeune Cenchrias, fil de Poséidon et de la Nymphe Pirène, fille du dieu-fleuve Asopos (ou du roi Oebalos ou du dieu-fleuve Acheloos). Pirène pleura tant et tant qu'elle fut changée en une fontaine qui se trouvait devant la porte de la ville de Corinthe. A coté de cette fontaine, les corinthiens élevèrent un petit sanctuaire dédié à Pirène où l'on apportait des petits gâteaux au miel pendant les périodes de sécheresse. Cette fontaine était aussi célèbre pour avoir été créée par Pégase d'un coup de sabot ou pour Sisyphe afin qu'il révèle à Asopos le nom du ravisseur de sa fille Egine.
⑦ Polyphonte était la fille d'Hipponoos et de Thrassa qui méprisait l'amour depuis qu'elle était devenue une suivante d'Artémis. Aphrodite, qui n'aimait qu'on dédaigne l'amour lui inspira la passion pour un ours dont elle eut deux fils monstrueux Agrios et Orios. Artémis outrée par son comportement la livra aux bêtes féroces. (Antoninus Liberalis, Métamorphoses 21)
⑧ Pendant la guerre de Troie, Artémis comme son frère pris le partie des Troyens. Lorsque Enée fut blessé par Diomède et transporté par Apollon dans son temple c'est elle qui le soigna. (Iliade V, 447)
Après la mort de Patrocle, les dieux eux-mêmes s'engagèrent dans le combat; Héra frotta les oreilles d'Artémis qui repartit en pleurant. (Iliade XXI, 470 sqq)
⑨ Les Aloades, Otos et Ephialtes, étaient deux géants fils jumeaux de Poséidon qui cherchèrent dans un premier temps à envahir l’Olympe en entassant des montagnes les unes sur les autres. Puis ils formèrent le dessein d’enlever Héra et Artémis. Cette dernière les entraina sur l’île de Naxos où ils s’entretuèrent par mégarde.
⑩ Le sanglier de Calydon était une terrible bête qu'Artémis avait envoyée ravager la contrée de Calydon car le roi Oenée avait négligé son culte. Son fils, Méléagre, organisa une grande chasse à laquelle participa la plupart des héros grecs.
⑪ La biche de Cérynie était un superbe animal consacré à Artémis, qui lorsqu'elle
était enfant, avait aperçu cinq biches, plus grandes que des taureaux, paissant
sur les bords du fleuve thessalien Anauros qui roule des cailloux noirs dans
ses eaux au pied du mont Parrhasion. Le soleil étincelait sur leurs cornes.
Elle se mit à courir, les poursuivit et en captura quatre, successivement en
ne se servant que de ses mains et les attela à un char; la cinquième s'enfuit
en traversant le fleuve Céladon jusqu'à la colline de Cérynie comme le voulait Héra, qui avait déjà en tête les Travaux d'Héraclès qui la poursuivit pendant un an avant de l'attraper.
Artémis
et Apollon vinrent à la rencontre d'Héraclès et elle lui reprocha d'avoir maltraité son animal
sacré mais il fit ressortir l'obligation dans laquelle il se trouvait et rejeta
la faute sur Eurysthée. De plus aucun sang n'avait coulé alors la colère de la déesse s'apaisa et elle lui permit d'emporter
la biche vivante à Mycènes à condition que l'animal fut relâché aussitôt après.
⑫ Artémis et Apollon était très attentionnés envers leur mère. Ils tuèrent Niobé et ses enfants car elle avait osé se comparer à la déesse et de se vanter
de lui être supérieure, parce que Léto n'avait eu que deux enfants.
Ils tuèrent de la même façon le Géant Tytios, fils de Zeus et d'Elara, qui avait voulu faire violence à Léto.
⑬ Comaetho était la jolie prêtresse d'Artémis Triclaria dans la ville de Patras. Elle tomba non seulement amoureuse du très beau Mélanippe mais en plus ils firent l'amour dans le temple même dédié à la virginité. Outragée, Artémis envoya la peste et la famine sur la ville. On interrogea l'oracle de Delphes qui préconisa de tuer les deux amoureux et de sacrifier tous les ans une jeune fille et un garçon, les plus beaux de la ville toutefois l'oracle précisa que ce sacrifice prendrait fin quand un roi étranger apporterait un nouveau culte. Effectivement l'introduction par Eurypyle du culte de Dionysos mit fin à cette horrible pratique. (Pausanias, Periègèse VII, 19, 1)